Une attaque aérienne perpétrée par l’aviation israélienne mardi sur le camp de réfugiés de Jabaliya dans le but d’éliminer un chef du Hamas aurait fait des dizaines de morts, a affirmé le ministère de la Santé du Hamas.
Ce qu’il faut savoir
L’aviation israélienne a massivement bombardé le camp de réfugiés de Jabaliya mardi, faisant des dizaines de morts chez les civils.
Tsahal a justifié cette attaque par le souci d’éliminer un important chef du Hamas.
Le Hamas a affirmé que Gaza deviendrait le cimetière de l’armée israélienne, qui s’y enfonce chaque jour un peu plus.
Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a exprimé son inquiétude face à l’intensification de la guerre, dont les principales victimes sont les civils.
Le directeur médical d’un hôpital se trouvant à proximité a indiqué que des centaines de personnes avaient été blessées par ces tirs et que des dizaines d’autres avaient été tuées. Des témoins ont affirmé que des enfants portaient d’autres enfants blessés à l’intérieur du camp.
Une vingtaine de bâtiments ont été détruits. Selon le Hamas, des dizaines de personnes se trouvent sous les décombres. Des images montrent deux énormes cratères creusés par les frappes.
Israël a confirmé cette attaque, indiquant qu’Ibrahim Biari, le leader du Hamas visé, faisait partie des principaux organisateurs de l’attaque du groupe palestinien sur Israël commise le 7 octobre.
« Un grand nombre de terroristes » qui se trouvaient avec ce commandant du Hamas ont été tués, a affirmé Tsahal, qui a ajouté que « la frappe a endommagé le commandement et le contrôle du Hamas dans la région ». Le Hamas a répliqué en affirmant que l’attaque constituait un « crime haineux envers les femmes, les enfants et les civils du camp ».
« J’attendais en ligne pour acheter du pain lorsque sept ou huit missiles tirés par un avion F-16 sont tombés sur le camp », a témoigné un réfugié, Mohammad Ibrahim, en entrevue à CNN. « C’était comme la fin du monde. »
Cette frappe, un des éléments clés du 25e jour de la guerre, est survenue alors que Tsahal accentue un peu plus son avancée à l’intérieur du territoire de Gaza, qui « sera un cimetière pour l’armée israélienne », a promis le Hamas.
De l’avis d’Oded Haklai, professeur à l’Université Queen’s de Kingston et directeur du Centre d’étude de la démocratie et de la diversité, le conflit s’annonce long.
« Israël veut atteindre deux buts : libérer tous les otages et démanteler toutes les capacités militaires et politiques du Hamas, dit-il. Mais le plus grand défi auquel il fait face est sous terre, où se trouvent les installations du Hamas. Dans les tunnels, le Hamas a un avantage très clair et Israël craint d’y perdre beaucoup de gens. »
« L’analogie que je fais est de rappeler le cas de Marioupol », dit de son côté le lieutenant-colonel à la retraite Rémi Landry, citant cette ville d’Ukraine que les Russes ont réussi à prendre au prix d’énormes efforts.
« Il y a cependant deux différences, ajoute M. Landry, professeur associé à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke. Le Hamas est très bien préparé et les tunnels sont probablement très profonds et difficiles à détruire. De plus, les Israéliens ont tendance à tout détruire, et c’est un autre défi que de combattre dans des ruines. »
Tsahal a par ailleurs annoncé la mort de deux de ses soldats au cours de la journée, où l’on a aussi appris le décès de deux enfants français, a fait savoir le Quai d’Orsay.
Guterres alarmé
Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a indiqué être « profondément alarmé » face à l’intensification de la guerre et à une escalade dans le nombre de victimes civiles. Dans un communiqué, il s’est dit « consterné » par les informations selon lesquelles les deux tiers des personnes tuées à Gaza (8525 selon le Hamas) sont des femmes et des enfants.
Depuis le début du conflit, l’ONU regarde ce qui se passe les mains liées.
« Avec l’appui ferme des États-Unis à Israël, le Conseil de sécurité est bloqué, résume Jane Boulden, professeure adjointe au département d’études politiques de l’Université Queen’s. Ils s’assurent que tout ce qui n’est pas en faveur d’Israël soit freiné. C’est comme ça que le Conseil de sécurité a été créé. Si un des cinq membres permanents s’oppose à une résolution parce que cela ne correspond pas à ses intérêts, tout s’arrête. »
Otages et Palestiniens blessés
Le Hamas a par ailleurs fait savoir qu’il libérerait un certain nombre d’otages étrangers au cours des prochains jours, sans donner plus de détails.
En Égypte, des sources médicales ont affirmé que 81 blessés graves palestiniens seraient évacués vers ce pays ce mercredi par le poste-frontière de Rafah. Sous le couvert de l’anonymat, un responsable égyptien a ajouté qu’un « hôpital de campagne de 1300 mètres carrés a été monté à Cheikh Zoueid », à une dizaine de kilomètres de Rafah.
Manifestation au Congrès
« Sauvez les enfants de Gaza », ont lancé mardi matin à Washington des dizaines de manifestants lors d’une audience tenue par une commission sénatoriale où deux hauts responsables de l’administration Biden plaidaient pour l’adoption d’une aide de 105 milliards US pour l’Ukraine, Israël et un renforcement des frontières américaines.
Leurs mains peintes rouge sang, ces manifestants ont bruyamment manifesté en criant aux politiciens « Honte à vous », « Les Palestiniens ne sont pas des animaux » ou encore « Sauvez les enfants de Gaza ».
Assis face aux membres de la commission sénatoriale sur les crédits, les secrétaires d’État à la Défense (Lloyd Austin) et aux Affaires étrangères (Antony Blinken) ont attendu l’évacuation des manifestants par la police du Capitole avant de livrer leur témoignage.
MM. Blinken et Austin ont affirmé que séparer l’aide à l’Ukraine et l’aide à Israël « encouragerait les ennemis de l’Amérique ».
Au Congrès, les deux partis sont d’accord pour lier les deux enveloppes, mais à la Chambre des représentants, plusieurs républicains sont opposés à la prolongation de l’aide à l’Ukraine. Le nouveau président de la Chambre, Mike Johnson, a proposé un projet de loi offrant 14,3 milliards à Israël, mais rien à l’Ukraine. Celui-ci est toujours débattu.
Avec le New York Times, Reuters, CNN, le Guardian et l’Agence France-Presse
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- C’est le nombre de camions d’aide humanitaire entrés à Gaza mardi. Il s’agit de la plus importante quantité d’aide envoyée dans l’enclave palestinienne depuis le début des hostilités, a fait savoir la Maison-Blanche.
Source : ministère israélien de la Défense