(Jérusalem) Au terme d’une journée de combats intenses où l’armée israélienne a poussé plus loin son offensive à l’intérieur de Gaza, le premier ministre Benyamin Nétanyahou a été intraitable sur les demandes de cessez-le-feu et l’ouverture d’un couloir humanitaire.

Ce qu’il faut savoir

Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, rejette tout cessez-le-feu sur Gaza.

Tsahal a intensifié son offensive dans Gaza lundi et a attaqué quelque 600 cibles du Hamas.

Une agence de l’ONU estime que le système actuel d’aide humanitaire à Gaza est « voué à l’échec ».

Indiquant qu’Israël « n’a pas amorcé cette guerre » et qu’un appel au cessez-le-feu en est un pour « se rendre à la barbarie » du Hamas, le leader israélien a déclaré que cela n’arriverait pas.

« La Bible dit qu’il y a un temps pour la paix et un temps pour la guerre. C’est l’heure de la guerre », a ajouté Benyamin Nétanyahou, alors que dans la bande de Gaza, Tsahal a étendu ses attaques, notamment en prenant en pince les abords de la ville de Gaza, et indiquant avoir tué « des dizaines de terroristes barricadés dans des bâtiments et des tunnels ».

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Benyamin Nétanyahou, premier ministre d’Israël

Pendant ce temps, la situation des centaines de milliers de civils empire à Gaza. Le quotidien britannique The Guardian rapportait entre autres que dans les hôpitaux, des femmes enceintes accouchaient sans anesthésie.

« Les femmes enceintes sont contraintes de subir une césarienne d’urgence sans anesthésie », a déclaré Hiba Tibi, porte-parole de l’organisme Care West Banks.

« Voué à l’échec »

De son côté, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a sonné l’alerte quant au système actuel d’aide à Gaza via le poste-frontière égyptien de Rafah, qui est, selon elle, « voué à l’échec ».

« La poignée de convois autorisés via Rafah n’est rien comparativement aux besoins de plus de deux millions de personnes piégées à Gaza », a lancé Philippe Lazzarini, chef de l’UNRWA. Condamnant vivement la « punition collective » imposée par Israël aux Palestiniens, M. Lazzarini a demandé aux membres du Conseil de sécurité un « cessez-le-feu humanitaire immédiat ».

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Un Palestinien blessé par une frappe israélienne reçoit de l’aide à Rafah, dans la bande de Gaza.

Selon le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, 33 camions apportant eau, nourriture et matériel médical sont entrés dimanche dans la bande de Gaza via Rafah.

Pour Pierre Pahlavi, professeur titulaire au collège des Forces armées canadiennes à Toronto et chercheur associé à la Chaire Raoul-Dandurand, Israël a voulu montrer qu’il a franchi un nouveau cap dans la guerre.

« Il est trop tôt pour l’affirmer, mais les historiens vont probablement dire que ce fut le moment où les Israéliens ont acquis l’initiative, analyse-t-il en entrevue. Ils aimeraient apparaître comme ceux qui dictent le tempo opérationnel. »

Après avoir modelé le champ de bataille avec leurs bombardements, ils veulent montrer qu’ils prennent le contrôle de la situation.

Pierre Pahlavi, professeur titulaire au collège des Forces armées canadiennes à Toronto et chercheur associé à la Chaire Raoul-Dandurand

Ce dernier doute par ailleurs que la communauté internationale s’entende pour faire fléchir la position israélienne.

« M. Nétanyahou n’est pas pour un cessez-le-feu. Et Washington, qui aurait pu intervenir pour agir dans ce sens, vient d’annoncer que ce n’est pas le contexte idéal. Ça rend ce projet illusoire », dit-il.

600 cibles

Lundi, 24e jour du conflit, des tanks et des blindés israéliens ont cisaillé la ville de Gaza sur trois fronts. La principale route nord-sud du territoire palestinien a été coupée en deux durant une heure, ont indiqué des témoins.

Des médias israéliens ont diffusé des images montrant des soldats de Tsahal sur le toit d’un hôtel à plus de trois kilomètres à l’intérieur du territoire palestinien.

Toujours lundi matin, Israël a indiqué avoir frappé quelque 600 cibles du Hamas dans les 24 dernières heures, y compris des sites de lancement de missiles antichars et des dépôts d’armes. Un porte-parole a laissé entendre que les opérations israéliennes allaient encore s’intensifier.

Une otage libérée

Au cours de la journée, plusieurs nouvelles informations ont été diffusées concernant les otages israéliens pris par le Hamas.

Une soldate de Tsahal, Ori Megidish, kidnappée le 7 octobre, a été libérée au cours de la nuit, a-t-on appris. « La soldate a passé un examen médical. Elle va bien et a pu rencontrer les membres de sa famille », a indiqué Tsahal.

PHOTO TAMIR KALIFA, THE NEW YORK TIMES

Emma Megidish (au centre), grand-mère d’Ori Megidish, célèbre la libération de sa petite-fille.

Une vidéo de 76 secondes a été diffusée par le Hamas dans laquelle trois femmes prises en otage demandent à Benyamin Nétanyahou de conclure un échange de prisonniers avec le groupe islamiste et critiquent le gouvernement israélien pour sa réponse.

Le Hamas présente les trois femmes – Danielle Aloni, Rimon Kirsht et Yelena Trupanob – comme « un certain nombre de détenus sionistes adressant un message à Benyamin Nétanyahou et son gouvernement ». Le bureau du premier ministre israélien a répliqué en dénonçant une « propagande psychologique cruelle » du Hamas.

Lundi, Israël a indiqué que le Hamas détenait 239 otages.

Shani Nicole Louk, une femme d’origine germano-israélienne aux mains du Hamas, est morte en détention, a aussi annoncé le ministère israélien des Affaires étrangères sur le réseau X.

« Nous avons le regret d’annoncer que la mort de Shani Louk, Germano-Israélienne de 23 ans, est confirmée », a indiqué le Ministère, ajoutant que la jeune femme avait « vécu des horreurs insondables ».

Toujours plus de réfugiés

Des travailleurs humanitaires et médicaux rattachés à l’ONU ont pour leur part exprimé leurs craintes de voir les tirs israéliens se rapprocher de plus en plus des hôpitaux du territoire, où s’entassent des milliers de réfugiés aux côtés des malades et des blessés. Le Croissant-Rouge palestinien s’est alarmé de frappes aux abords de l’hôpital al-Quds, au nord de la bande de Gaza.

PHOTO IBRAHEEM ABU MUSTAFA, REUTERS

Une mère et son enfant dans un camp de réfugiés des Nations unies à Khan Younès, dans la bande de Gaza

Dans la journée, l’UNRWA a rapporté que 10 autres travailleurs humanitaires avaient été tués par les bombardements au cours des 72 dernières heures. Cela porte à 63 le nombre de personnes rattachées à cette agence mortes sous les bombes.

L’agence a par ailleurs déploré les conditions très difficiles dans lesquelles vivent les Palestiniens déplacés dans les refuges, qui atteignent « presque quatre fois leur capacité ». On estime actuellement à 511 000 le nombre de personnes entassées dans 92 refuges dans des conditions sanitaires pitoyables.

Forces américaines attaquées

Enfin, le Pentagone a fait savoir que les troupes américaines actuellement en poste en Syrie et en Irak avaient été attaquées au moins 23 fois depuis les évènements du 7 octobre.

L’Iran a justifié ces récentes attaques en invoquant l’aide apportée par Washington à Israël dans la guerre.

Au cours de la journée, l’État hébreu a aussi atteint des cibles en Syrie en réponse à des tirs d’agression. L’armée israélienne a également affirmé mardi avoir mené des frappes aériennes au Liban visant le mouvement chiite Hezbollah, allié du Hamas.

Avec Le Figaro, The Guardian, The Times of Israel, RFI, CNN et l’Agence France-Presse