La remilitarisation attendue des pays européens rappelle qu’au Canada, on est encore loin d’atteindre la cible du 2 % du PIB consacré au budget de la défense nationale. Le pays pourrait se le faire reprocher, lors du prochain sommet de l’OTAN, du 9 au 11 juillet 2024, à Washington.

« On est dans le dernier tiers de la liste des pays n’atteignant pas la cible. Le Canada s’isole de plus en plus », constate Stéfanie von Hlatky, professeure titulaire de science politique de l’Université Queen’s (Kingston) et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur le genre, la sécurité et les forces armées.

Selon un document de l’OTAN mis à jour le 14 mars 2024, le Canada a consacré 1,38 % de son PIB au budget de la défense en 2022-2023 (estimations). Seuls la Slovénie, la Turquie, l’Espagne, la Belgique et le Luxembourg présentent un pourcentage encore plus faible.

Même si on dit qu’on s’en va dans la bonne direction sur le plan des tendances, on est très loin d’atteindre les cibles. Et si on veut faire les investissements nécessaires pour atteindre la cible, on devra avoir une conversation au niveau national pour savoir si on fait des sacrifices dans d’autres programmes ou si on augmente les impôts.

Stéfanie von Hlatky, professeure titulaire de science politique de l’Université Queen’s

Une conversation ? Oui, parce que pour atteindre la cible, il faudrait investir annuellement quelque 15 milliards CAN de plus dans le budget de la défense, qui était de 26,5 milliards CAN (41,5 milliards en tenant compte de la Garde côtière et des Anciens Combattants) en 2023-2024.

Au sommet de l’OTAN de 2014 à Newport, au pays de Galles, les nations membres de l’OTAN s’étaient entendues sur une augmentation des budgets de défense avec un seuil minimal de 2 % à atteindre en 10 ans pour les pays alors sous ce niveau. L’heure des comptes aura donc sonné pour les retardataires, à Washington.

En cas de rappel à l’ordre, le Canada devra avoir une réponse toute prête et un plan à suggérer, croit Stéfanie von Hlatky. « Si l’atteinte de la cible à court terme est impossible, le Canada devra dire quel est son plan, poursuit-elle. Il en va de notre crédibilité et de notre légitimité en tant qu’allié. »

Lisez le dossier « Défense canadienne : l’improbable 2 % »