(Kyiv) La situation sur le front Est s’est « considérablement détériorée », a affirmé samedi le commandant en chef des forces ukrainiennes, Oleksandre Syrsky, constatant une « intensification » de l’offensive de l’armée russe, qui a revendiqué la prise d’un village près d’Avdiïvka.

À Moscou, le ministère de la Défense a assuré que les soldats russes avaient réussi une nouvelle avancée en s’emparant de cette localité, Pervomaïské, au sud-ouest d’Avdiïvka, une ville conquise en février.

Les Russes poussent par ailleurs en direction de Tchassiv Iar, une localité clé de la partie orientale de l’Ukraine se trouvant désormais « sous un feu constant », selon Kyiv.

Pour le général Syrsky, « la situation sur le front Est s’est considérablement détériorée ces derniers jours ».  

« Ceci est principalement dû à une intensification significative de l’offensive de l’ennemi après l’élection présidentielle en Russie », à la mi-mars, a-t-il écrit sur Telegram.

Les troupes russes attaquent les positions ukrainiennes dans les secteurs de Lyman et de Bakhmout « avec des groupes d’assaut soutenus par des véhicules blindés », ainsi que dans celui de Pokrovsk, a-t-il dit.

« Cela est rendu possible par le temps chaud et sec, qui fait que la plupart des aires ouvertes sont accessibles aux chars », a expliqué le général Syrsky.

Malgré ses pertes, l’armée russe déploie de « nouvelles unités blindées », ce qui lui permet d’engranger des « succès tactiques ».

Aide allemande

Les Russes ont intensifié leur pression autour de Tchassiv Iar. Cette cité, perchée sur une hauteur, s’étend à moins de 30 kilomètres au sud-est de Kramatorsk, la principale ville de la région sous contrôle ukrainien et un important nœud ferroviaire et logistique pour les forces ukrainiennes.

S’en emparer offrirait aux soldats russes une chance de progresser dans la région.

Cette offensive se produit à un moment très délicat pour les troupes ukrainiennes, qui peinent à recruter face à un adversaire aux unités mieux garnies et équipées.

L’aide occidentale s’enraye, notamment en raison de blocages politiques à Washington, ce qui contraint les militaires ukrainiens à économiser leurs munitions. Depuis des mois, Kyiv exhorte ses partenaires à lui livrer davantage d’armements et de systèmes de défense antiaérienne.

L’Allemagne a à cet égard annoncé samedi qu’elle enverrait un système Patriot « supplémentaire » à l’Ukraine afin de l’aider à se prémunir face à « l’augmentation (du nombre) des frappes aériennes russes ».

PHOTO AXEL HEIMKEN, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Un système de défense aérienne Patriot

« La terreur russe contre les villes ukrainiennes et les infrastructures du pays cause des souffrances incommensurables », a souligné le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, en annonçant cette décision. « Elle met en péril l’approvisionnement énergétique de la population et détruit l’état de préparation opérationnelle des forces armées ukrainiennes ».

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a remercié au téléphone le chancelier allemand Olaf Scholz pour cette aide.

« C’est une vraie manifestation de soutien envers l’Ukraine à un moment critique pour nous », a-t-il dit, appelant ses autres alliés à « suivre cet exemple ».

« La question de la supériorité technique »

M. Zelensky a récemment averti que son pays perdrait la guerre si l’aide américaine attendue de 60 milliards de dollars restait bloquée au Congrès.

L’Ukraine dit en particulier avoir besoin de davantage de ces Patriot, des systèmes puissants et coûteux dont le premier exemplaire a été livré aux Ukrainiens au printemps 2023.  

Ces dernières semaines, la Russie a accru l’intensité de ses bombardements sur le réseau énergétique de son voisin, provoquant des dommages importants, ainsi que sur des cités comme Kharkiv, tout près de sa frontière.

Le général Syrsky a affirmé que les zones « les plus problématiques » avaient été renforcées, en particulier avec des équipements pour la défense antiaérienne.

« La question de la supériorité technique sur l’ennemi dans le domaine des armes de haute technologie se pose à nouveau », a-t-il dit.

« Ce n’est que comme cela que nous pourrons battre un ennemi plus grand », a ajouté le commandant en chef de l’armée ukrainienne, jugeant qu’il fallait aussi « améliorer la qualité de la formation du personnel militaire ».

Le parlement ukrainien a de son côté voté jeudi une loi controversée pour mobiliser plus d’hommes face aux assauts de la Russie, après des mois de débats houleux.