(Helsinki) Après près de deux mois de négociations tumultueuses, c’est le retour de l’extrême droite en Finlande : le dirigeant conservateur a annoncé qu’il gouvernera le pays aux côtés du Parti des Finlandais, créant une nouvelle formation anti-immigration au pouvoir en Europe.  

Petteri Orpo, à la tête de la Coalition nationale (centre droit) a constitué une coalition gouvernementale avec le Parti des Finlandais, la formation d’extrême droite arrivée deuxième aux législatives, ainsi que deux autres petits partis de droite.

Les quatre partis disposent de 108 des 200 sièges du Parlement.  

« Je suis fier du bon programme et du résultat des négociations. Toutes les questions ont trouvé réponse », a-t-il dit jeudi à la presse à Helsinki, en présence des chefs des trois autres formations avec lesquelles il va former un gouvernement.

Les pourparlers de coalition, qui ont débuté le 2 mai et durent habituellement en moyenne un mois, ont été plus longs en raison des divergences surtout en matière de politique climatique et d’immigration, mais aussi de l’aide au développement.  

« Nous avons eu des désaccords sur certains points et je suis sûr que nous en avons encore, mais ce qui nous unit, c’est que nous voulons mettre de l’ordre en Finlande », a souligné le premier ministre désigné.

Ce n’est pas la première fois qu’une telle alliance se met en place entre ces formations politiques.  

La droite a déjà gouverné avec le Parti des Finlandais (ex-Vrais Finlandais) entre 2015 et 2017, date d’une scission au sein de la formation eurosceptique qui avait abouti à une ligne plus dure.

Les membres des coalitions au Parlement finlandais héritent traditionnellement de postes de ministres et le deuxième parti au pouvoir prend généralement celui de ministre des Finances.

« Imprévisible »

M. Orpo, dont la principale promesse électorale était un plan d’économies de six milliards d’euros, a précisé qu’il dévoilerait son programme vendredi.  

« La Finlande se trouve dans une situation très difficile. Nous avons dû chercher des économies partout », a-t-il insisté.

Mais gouverner avec l’extrême droite pourrait s’avérer « imprévisible », a estimé auprès de l’AFP Mikko Majander, politologue au groupe de réflexion Magma.  

D’autant que leur base électorale ne voit pas d’un bon œil l’austérité promise par le premier ministre désigné Petteri Orpo.  

Selon M. Majander, les autres difficultés concerneront les affaires européennes.  

« Surtout en ce qui concerne la dette commune. La Finlande en général n’en veut pas, mais le Parti des Finlandais a une ligne plus dure que la Coalition nationale pro-UE », a-t-il déclaré à l’AFP.

En effet, jusqu’ici allié au Parlement européen du Rassemblement national (RN) français ou encore de la Ligue italienne au sein du groupe Identité et démocratie, le Parti des Finlandais a annoncé début avril rejoindre le groupe eurosceptique des conservateurs et réformistes européens, qui incluent notamment la formation nationaliste polonaise « Droit et Justice » et les « Frères d’Italie » de la première ministre italienne Giorgia Meloni.

Installé depuis plus de vingt ans dans la vie politique finlandaise, le parti est classé entre la droite souverainiste et l’extrême droite par les politologues. Il est également climatosceptique et veut repousser l’objectif que s’est fixé la Finlande d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2035.  

Militant à long terme pour un « Fixit » – une sortie de la Finlande de l’Union européenne –, la formation a basculé ces dernières années d’un discours principalement eurosceptique vers une priorité anti-immigration.

Le parti d’extrême droite a atteint un score record de 20,1 % des voix aux législatives du 2 avril.