Si Donald Trump est réélu président des États-Unis à l’élection du 5 novembre 2024, il deviendra le deuxième à réussir un tel retour après une défaite. L’unique prédécesseur qui y soit parvenu est le démocrate Grover Cleveland.

Élu à la présidence des États-Unis en 1884, Cleveland fut battu en 1888 et a repris le pouvoir en 1892. Il revendique ainsi les titres de 22e et de 24président américain.

Premier démocrate élu depuis James Buchanan (1857-1861), Cleveland est d’abord maire de Buffalo, puis gouverneur de l’État de New York avant d’arriver sur la scène fédérale.

Son premier mandat (1885-1889) est teinté par sa lutte contre la corruption et le favoritisme, son opposition au versement de pensions aux anciens combattants, un bras de fer avec des compagnies de chemins de fer et un projet visant à réduire les droits de douane. Battu en 1888 par le républicain Benjamin Harrison, il remporte néanmoins le vote populaire. Réélu en 1892, son second mandat (1893-1897) est émaillé par une grave crise économique.

PHOTO ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Grover Cleveland en 1892

Selon Troy Senik, un de ses biographes, les buts et les politiques de Grover Cleveland sont restés « assez similaires » d’un mandat à l’autre. C’est la manière de les faire adopter qui a changé.

« Dans son premier mandat, Cleveland croyait beaucoup en un gouvernement aux pouvoirs limités », dit M. Senik, ancien rédacteur de discours du président George W. Bush et cofondateur du site Kite & Key, média numérique axé sur les politiques publiques. « Pour lui, le gouvernement pouvait faire un nombre limité de choses et le président avait des pouvoirs restreints. À son avis, le pays se portait mieux quand le gouvernement fédéral se tenait en retrait des affaires des individus. Mais dans le deuxième mandat, sa conception du pouvoir présidentiel s’est beaucoup élargie. »

Un exemple illustre mieux que tout autre ce changement d’attitude. Le 8 juillet 1894, Cleveland fait intervenir les troupes fédérales à Chicago pour briser une grève des travailleurs de la compagnie des chemins de fer Pullman. La raison : la livraison du courrier (de compétence fédérale) est freinée. « À l’époque, ç’a été perçu comme une interférence présidentielle. Cleveland n’aurait probablement pas fait cela dans son premier mandat », dit Troy Senik.

Autre différence, note l’expert, M. Cleveland a compris que faire des concessions pouvait être avantageux. « Il était très hésitant à passer des accords, avec des rivaux ou même des alliés, relate M. Senik. Puis, il a réalisé que cela l’avait empêché d’être plus efficace durant son premier mandat. Il a commencé à faire plus de concessions avec, par exemple, les membres du Congrès, même s’il n’était pas d’accord sur certains aspects, parce que cela faisait avancer les choses. »

À l’époque, la Constitution ne limitait pas les présidents à être élus deux fois, et Cleveland a tenté sa chance en 1896. Mais les membres de son parti lui ont tourné le dos et il a perdu les primaires. Il s’est retiré à Princeton où il est mort en 1908.

Pour l’anecdote, Grover Cleveland est le seul président des États-Unis qui se soit marié à la Maison-Blanche, à savoir avec Frances Folsom, de 27 ans sa cadette, le 2 juin 1886. Ils ont eu cinq enfants. Cleveland aurait eu aussi un autre enfant en 1874.

Sources : The White House, The National Constitution Center, The American Presidency Project, Pew Research Center et Wikipédia