(New York) Le juge chargé du procès pénal selon lequel l’ancien président des États-Unis Donald Trump aurait acheté le silence d’une actrice porno a rejeté vendredi la demande de l’ancien président de reporter son procès en raison de la publicité entourant l’affaire.

C’est le dernier d’une série de refus de report que Trump a essuyés de divers tribunaux cette semaine, alors qu’il se bat pour empêcher le début d’un procès, prévu pour lundi, avec la sélection du jury.

Entre autres choses, les avocats de Trump avaient fait valoir que les membres éventuels du jury étaient inondés de ce que la défense considère comme une couverture médiatique « exceptionnellement préjudiciable » de l’affaire.

La défense a soutenu que c’était une raison suffisante pour suspendre l’affaire indéfiniment.

Le juge Juan Merchan a écrit que Trump « semble considérer que sa situation et cette affaire sont uniques et que la publicité avant le procès ne diminuera jamais » et que « cette vision ne correspond pas à la réalité ».

Faisant référence aux deux procès en diffamation de Trump et à un procès civil pour fraude à Manhattan au cours de l’année dernière, Me Merchan a écrit que l’ex-président lui-même « était personnellement responsable d’avoir généré une grande partie, sinon la majeure partie, de la publicité environnante avec ses déclarations publiques », à l’extérieur des salles d’audience et sur les réseaux sociaux.

« La situation dans laquelle se trouve actuellement l’accusé n’est pas nouvelle pour lui et, au moins en partie, elle est de sa faute », a ajouté le juge. Il a déclaré que l’interrogatoire des membres potentiels du jury répondrait à toute inquiétude quant à leur capacité à être justes et impartiaux.

Des messages sollicitant des commentaires ont été laissés aux avocats de Trump. Le bureau du procureur du district de Manhattan, qui poursuit l’affaire, a refusé de commenter.

Trump, quant à lui, a déclaré vendredi qu’il prévoyait de témoigner au procès, qualifiant l’affaire d’« arnaque ».

« Tout ce que je peux faire, c’est dire la vérité, a déclaré Trump aux journalistes dans son domaine de Mar-a-Lago en Floride. Et la vérité est qu’ils n’ont aucun argument. »

Interrogé sur la sélection du jury, Trump a affirmé que le processus était « une affaire de chance ».

Cela dépend de qui vous obtenez. C’est très injuste que je sois jugé là-bas. C’est très injuste d’avoir ce juge qui déteste Trump et qui est en proie à d’énormes conflits.

Donalf Trump

Dans un dossier déposé au tribunal le mois dernier, l’avocat de Trump, Todd Blanche, a soutenu que « les membres potentiels du jury à Manhattan ont été exposés à une énorme couverture médiatique biaisée et injuste concernant cette affaire ».

« De nombreux membres potentiels du jury croient déjà à tort que le président Trump est coupable », a avancé Me Blanche, citant l’examen des articles de presse et d’autres recherches que la défense a menées.

Selon Me Blanche, l’analyse révèle que 1223 articles sur l’affaire ont été publiés en ligne entre la mi-janvier et la fin février et que nombre d’entre eux « diabolisaient injustement et indûment » Donald Trump. Cependant, un tableau inclus dans les arguments de la défense comprenait de nombreuses mentions de termes pertinents pour l’affaire, comme 207 références au « procès de Manhattan » et 142 aux « paiements pour étouffer des affaires ».

Les avocats de Trump ont également accusé les principaux témoins de l’accusation, Michael Cohen et Stormy Daniels, d’avoir mené une couverture négative à l’égard de Trump. Ils ont souligné les critiques acerbes de Michael Cohen à l’égard de Donald Trump dans ses balados et sur ses réseaux sociaux, ainsi que la publicité entourant la sortie d’un documentaire sur Stormy Daniels, dont la première a eu lieu le mois dernier sur la plateforme de diffusion en continu NBC Peacock.

Les procureurs ont soutenu que la publicité n’était pas susceptible de ralentir et que les propres commentaires de Trump en avaient généré une grande partie. Les procureurs ont également noté qu’il y avait plus d’un million de personnes à Manhattan, arguant que les interrogatoires du jury pourraient sûrement en trouver 12, ainsi que six suppléants, qui pourraient être impartiaux.

Rappel des affaires

Cette affaire de paiements occultes que Trump aurait effectués pourrait être le premier des quatre procès criminels de Trump à s’ouvrir, une première pour un ancien président américain.

Cette affaire se concentre sur des allégations selon lesquelles M. Trump aurait falsifié les registres de sa société pour cacher la véritable nature des paiements versés à Me Cohen, qui avait payé 130 000 $ à l’actrice porno Stormy Daniels pendant la campagne présidentielle de 2016 pour faire taire les allégations de relation sexuelle extraconjugale du candidat républicain des années plus tôt.

M. Trump a plaidé non coupable l’année dernière de 34 chefs d’accusation de falsification de dossiers commerciaux et a nié avoir eu une relation sexuelle avec Mme Daniels. Ses avocats affirment que les paiements versés à Me Cohen constituaient des frais juridiques légitimes et ne faisaient partie d’aucune dissimulation.

Les avocats de Trump ont présenté cette semaine d’autres arguments, parfois similaires, en faveur d’un report devant une cour d’appel. L’un de ces appels visait à suspendre le procès jusqu’à ce que la cour d’appel puisse prendre pleinement en considération l’argument de la défense selon lequel le procès devait être déplacé ailleurs, au motif que le jury avait été manipulé par la couverture médiatique des autres affaires récentes de Trump.

Les avocats de Trump soutiennent également que le candidat républicain fait face à de « réels préjugés potentiels » dans l’état de Manhattan, fortement démocrate.

Tous les appels de cette semaine ont été rejetés par des juges d’appel, bien que les affaires soient renvoyées devant un panel de juges d’appel pour un examen plus approfondi.