(Mexico) Le Mexique et les États-Unis ont estimé que le voyage d’urgence mercredi à Mexico du chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a permis des avancées pour gérer la crise migratoire, au moment où les deux pays s’apprêtent à entrer dans une année électorale.

« Le Mexique et les États-Unis réaffirment leurs engagements partagés quant à une migration ordonnée, humanitaire et régulière », a indiqué un communiqué du ministère mexicain des Relations extérieures jeudi au lendemain de la rencontre.

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Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken

« Les deux délégations sont tombées d’accord pour se réunir de nouveau à Washington en janvier 2024 », ajoute le communiqué au lendemain de ce rare déplacement de M. Blinken à l’étranger pendant les fêtes.

Il intervient au moment où les élus républicains au Congrès exigent un accord sur l’immigration avec le gouvernement du président Joe Biden en échange de leur soutien à une nouvelle enveloppe d’aide pour l’Ukraine.

Les États-Unis ont d’ailleurs annoncé mercredi le déblocage de 250 millions de dollars d’aide militaire pour Kyiv, leur dernière tranche disponible sans un nouveau vote au Congrès américain.

Accompagné du secrétaire à la Sécurité nationale, Alejandro Mayorkas, et de la conseillère pour la Sécurité nationale à la Maison-Blanche, Liz Sherwood Randall, M. Blinken s’est entretenu pendant un peu plus de deux heures avec le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador.

Le président mexicain a indiqué jeudi matin que les États-Unis avaient accepté de rouvrir les passages frontaliers qu’ils avaient suspendus.

Face à l’afflux de migrants en provenance du Mexique, les États-Unis avaient annoncé la fermeture de points de passages le long des plus de 3000 km de frontières communes, par exemple le chemin de fer entre El Paso et Ciudad Juárez, déjà rouverts.

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Des migrants marchent ensemble vers les États-Unis.

« Il y a de plus en plus de mouvements à la frontière, sur les ponts, et c’est pour cette raison que nous devons être attentifs à ne pas fermer les passages. Nous sommes parvenus à cet accord », a déclaré jeudi matin le président mexicain à la presse, parlant de « normaliser la situation ».

« Le Mexique et les États-Unis sont les principaux partenaires commerciaux au monde », a-t-il souligné. Les échanges commerciaux entre les deux voisins se chiffrent à 860 milliards de dollars, avait indiqué la veille la ministre mexicaine des Affaires étrangères Alicia Barcen, qui avait également annoncé un communiqué après la rencontre.

Selon un responsable du gouvernement américain, les dirigeants mexicains ont évoqué la répression des passeurs qui envoient les migrants vers la frontière des États-Unis en train ou en autobus.

« Vraiment impressionnés »

« Nous avons été vraiment impressionnés par certaines des nouvelles actions qu’entreprend le Mexique, et nous avons vu ces derniers jours une réduction assez significative des passages de la frontière », a déclaré ce responsable dans l’avion de M. Blinken pendant le voyage de retour vers Washington.

Toutefois, les États-Unis « ne tirent jamais de conclusions basées sur des fluctuations au jour le jour » du nombre de migrants, a poursuivi le responsable américain, précisant que les contacts se poursuivront étroitement en 2024.

L’année prochaine, le président Biden joue sa réélection en novembre et des élections présidentielles et locales sont prévues au Mexique en juin pour la succession de Lopez Obrador.

L’ancien président républicain Donald Trump, qui cherche sa revanche dans les urnes face à Joe Biden, a récemment redoublé ses attaques contre les migrants, les accusant d’« empoisonner le sang » des États-Unis, des propos qui selon ses détracteurs font écho à la rhétorique nazie.

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Andres Manuel Lopez Obrador

Dans ce contexte politique tendu, les démocrates tentent de trouver un accord sur l’immigration avec les républicains au Congrès afin de faire approuver en parallèle des dépenses de 61 milliards de dollars pour aider Kyiv dans sa guerre avec Moscou.

Ces dernières semaines, quelque 10 000 personnes par jour ont tenté de traverser illégalement la frontière sud des États-Unis, soit près du double des chiffres enregistrés avant la pandémie, débordant les autorités américaines.  

Et une caravane de milliers de migrants a quitté le sud du Mexique dimanche pour tenter de rejoindre les États-Unis.

« Personne ne va arrêter la migration. Personne ne peut arrêter avec tout l’or du monde le fait que des gens cherchent de meilleures conditions de vie », a déclaré à la presse un activiste organisateur de cette marche, Luis Garcia Villagran.

M. Lopez Obrador, qui s’est entretenu au téléphone avec Joe Biden le 21 décembre, s’était engagé à renforcer les mesures pour contenir des migrants dans le sud du pays, à la frontière avec le Guatemala.

Dans les négociations, l’administration Biden a notamment proposé de financer 1300 postes de plus au sein de la police aux frontières.  

La plus grande partie des migrants fuient des pays d’Amérique centrale ravagés par la pauvreté, la violence et les catastrophes naturelles, où la crise politique, économique et sociale au Venezuela.