Un nouvel appel téléphonique compromettant ; une annonce favorable de la Cour suprême pour sa candidature aux primaires républicaines. La saga judiciaire de l’ex-président américain Donald Trump, pour avoir tenté de faire renverser les résultats de l’élection de 2020, a connu de nouveaux rebondissements aux États-Unis vendredi.

D’abord, la Cour suprême américaine a annoncé vendredi qu’elle refusait de statuer en urgence pour déterminer s’il était protégé par l’immunité présidentielle lorsqu’il a tenté de faire invalider les résultats de l’élection de 2020.

Parmi les nombreuses causes portées devant les tribunaux contre lui, le milliardaire doit être jugé au niveau fédéral à partir du 4 mars pour ses pressions lors de la dernière présidentielle.

Mais pour favoriser sa campagne pour être élu candidat républicain au terme des primaires du parti de janvier à juin, puis président du pays en novembre, ses avocats tentent par tous les moyens de décaler son calendrier judiciaire.

Pour le procès du 4 mars, ses conseils ont ainsi invoqué l’argument selon lequel Donald Trump jouit d’une « immunité absolue » pour tous les actes qu’il a commis lorsqu’il était à la Maison-Blanche. Et qu’il ne devrait pas, pour cette raison, être poursuivi.

Puis, mi-décembre, dans l’espoir d’accélérer les choses, le procureur fédéral Jack Smith, responsable du dossier, a saisi la Cour suprême des États-Unis, lui demandant de trancher cette question. Ce que le plus haut tribunal, à majorité conservatrice après avoir été largement remanié par Donald Trump, a refusé de faire vendredi.

Une question importante

En raison de l’annonce de la Cour suprême de vendredi, « il y a peu de chances que le procès [du 4 mars] puisse se conclure avant l’élection présidentielle », explique en entrevue la chercheuse associée à la Chaire Raoul-Dandurand, Amélie Escobar.

Ainsi, « on risque d’être confronté à une situation où Donald Trump peut aller au bout du processus de sa candidature et du processus électoral », estime-t-elle.

Or, dans l’éventualité où Donald Trump serait à nouveau élu à la tête des États-Unis, il se trouverait en position, en théorie, de « s’autopardonner » grâce à ses pouvoirs présidentiels, pointe la chercheuse, une situation complètement inédite.

« Quels vont être ses pouvoirs par la suite ? De poursuivre les procès ? De les faire annuler ? Cette situation, on ne l’a jamais connue dans l’histoire, alors on ne sait pas quelles peuvent en être l’issue et les conséquences », explique Amélie Escobar.

Un nouvel enregistrement compromettant

Pour compléter une journée déjà bien chargée sur le plan juridique pour l’ex-président, le journal The Detroit News a rendu public un nouvel enregistrement où l’on peut l’entendre faire pression sur des responsables républicains du Michigan pour les dissuader de valider les résultats de la présidentielle dans cet État, le 17 novembre 2020.

Les deux agents électoraux visés venaient de voter pour la certification des résultats de l’élection présidentielle dans le comté de Wayne, où le démocrate Joe Biden était arrivé largement en tête.

« Nous devons nous battre pour notre pays », « nous ne pouvons pas laisser ces gens nous voler notre pays », peut-on l’entendre dire aux agents électoraux au fil de l’appel auquel prenait également part la présidente du Comité national républicain, Ronna McDaniel, originaire du Michigan.

« Si vous pouvez, rentrez chez vous ce soir, ne signez pas le document […]. Nous vous trouverons des avocats », a-t-elle déclaré, pour sa part, en faisant référence aux résultats officiels du scrutin dans le comté.

Après avoir acquiescé, M. Trump a ajouté : « Nous nous en occuperons. »

Les deux responsables ont ensuite quitté la réunion de certification sans signer le document. Le lendemain, ils ont essayé sans succès de revenir sur leur vote favorable à la certification, prétendant avoir subi des pressions, rapporte The Detroit News.

« Ce que j’ai publiquement dit et répété à l’époque […] c’est qu’il y avait de nombreuses preuves qui justifiaient un audit », a déclaré Ronna McDaniel, dans un communiqué, en réaction à la publication de cet enregistrement.

Le porte-parole de la campagne de M. Trump, Steven Cheung, a pour sa part déclaré au journal que l’ex-président entendait « veiller scrupuleusement au respect des lois et garantir l’intégrité de l’élection, y compris en enquêtant sur l’élection présidentielle truquée et volée de 2020 ».

Cet appel ressemble en tout point à celui passé par Donald Trump à un haut responsable électoral en Géorgie durant la même période, et qui a mené à des accusations de pressions indues en vertu d’une loi antigang dans cet État, pointe le professeur de science politique américano-canadien Graham Dodds.

« La Géorgie n’était probablement pas le seul endroit où il avait présumément posé de tels gestes », fait-il valoir.

Avec l’Agence France-Presse et l’Associated Press