(Washington) La juge au procès de l’ex-président américain Donald Trump pour ses agissements lors de l’élection de 2020, Tanya Chutkan, a prévenu vendredi qu’elle ne laisserait pas les débats se dérouler dans une « atmosphère de carnaval » médiatique.

Lors d’une audience consacrée à une demande du procureur spécial Jack Smith, qui s’inquiète d’éventuelles intimidations de témoins en cas de divulgation illicite par Donald Trump de pièces clé de la procédure, la magistrate a par ailleurs défini le cadre dans lequel l’ex-président sera autorisé à commenter publiquement le dossier.

Malgré le caractère hautement politique de l’affaire, dans laquelle un ancien président, en campagne pour reconquérir la Maison-Blanche, plaide non coupable d’accusations d’avoir frauduleusement tenté d’inverser le résultat du vote, la juge a affirmé vouloir mener les débats le plus normalement possible.

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La juge fédérale Tanya Chutkan

« Je ne tiendrai pas compte dans ma décision des effets qu’elle peut avoir sur la campagne » présidentielle pour 2024, a-t-elle prévenu en réponse aux objections d’un avocat de la défense, John Lauro, aux demandes des procureurs. Elle s’est dite avant tout soucieuse de la « bonne administration de la justice ».

Concernant le cadre des commentaires autorisés à M. Trump, elle s’est rangée à l’avis de la défense qui réclamait que les restrictions prévues par son injonction portent uniquement sur les « éléments sensibles » du dossier.

La juge Chutkan a en revanche adopté la définition proposée par l’accusation des « éléments sensibles » pour y inclure notamment les transcriptions ou enregistrements de dépositions de témoins, invoquant le « risque d’intimidation de témoins ».

Elle a également rejeté une demande de la défense d’élargir à d’autres que les avocats de M. Trump l’accès à la masse de documents que les procureurs doivent leur fournir dans les semaines à venir.

« Babysitter »

La question de l’accès de Donald Trump aux documents « sensibles » hors de la présence de ses avocats a donné lieu à une passe d’armes entre l’un des procureurs, Thomas Windom, et John Lauro.

L’accusé « a déjà montré une tendance à garder des documents qu’il n’aurait pas dû », a ironisé M. Windom pour justifier la nécessité de réguler cet accès.

Il faisait référence à un autre dossier dans lequel l’ancien président sera jugé en 2024 par un tribunal de Floride (sud-est) pour avoir conservé des documents confidentiels après son départ de la Maison-Blanche, au lieu de les remettre aux Archives nationales.

L’avocat de Donald Trump a protesté n’avoir jamais vu dans ce type d’affaire « des conseils obligés de rester assis à côté de leur client pour le babysitter ».

La juge Chutkan a tranché pour une solution de « compromis », autorisant l’ancien président à consulter les « éléments sensibles » sans supervision de ses avocats, mais sans aucun appareil électronique ou autre susceptible de les photographier ou de les reproduire.

À charge également pour ses conseils de s’assurer que ses notes ne contiennent aucune information permettant d’identifier une personne citée dans le dossier.

En conclusion, la juge a mis en garde contre toute « déclaration incendiaire susceptible de polluer la sélection du jury », qui ne pourrait que l’encourager à fixer une date rapprochée pour le procès.

Jack Smith, qui réclame un « procès sans délai », a proposé la date du 2 janvier, estimant qu’il « ne devrait pas durer plus de quatre à six semaines ».

La défense a jusqu’au 17 août pour formuler sa propre proposition de calendrier, avant une nouvelle audience dévolue à cette question devant la juge Chutkan le 28 août.