(Washington) L’ancien maire de New York Rudy Giuliani pourrait être radié du barreau à Washington après qu’une commission d’examen a condamné vendredi la façon dont il a répété les fausses allégations du président de l’époque Donald Trump concernant sa défaite à l’élection présidentielle américaine de 2020.

M. Giuliani « a prétendu qu’il y avait eu une fraude électorale massive, mais il n’avait aucune preuve », a écrit le groupe de trois membres dans un rapport qui détaille les erreurs et les affirmations non étayées que l’ancien maire a faites dans le cadre d’un procès en Pennsylvanie visant à annuler la défaite du président républicain au profit du démocrate Joe Biden.

Entre le jour de l’élection et l’émeute du 6 janvier 2021 au Capitole, M. Giuliani et d’autres avocats de Donald Trump ont à maintes reprises invoqué des fraudes électorales qui ont été presque uniformément rejetées par les tribunaux fédéraux et les tribunaux d’État. C’est le troisième avocat qui pourrait perdre sa capacité à pratiquer le droit en raison de ce qu’il a fait pour Trump : John Eastman risque d’être radié du barreau en Californie et Lin Wood a renoncé cette semaine à sa licence en Géorgie.

« Les efforts de M. Giuliani pour saper l’intégrité de l’élection présidentielle de 2020 ont contribué à déstabiliser notre démocratie », ont écrit les membres du panel, Robert C. Bernius, Carolyn Haynesworth-Murrell et Jay A. Brozost.

« La faute commise ici transcende tristement toutes ses réalisations passées, écrivent-ils. Elle est sans précédent dans son objectif et son effet destructeur. Il a cherché à perturber une élection présidentielle et persiste dans son refus de reconnaître le mal qu’il a fait. »

M. Giuliani a déjà vu sa licence d’avocat suspendue à New York pour les fausses déclarations qu’il a faites après l’élection. Les travaux du comité d’examen de Washington vont maintenant être soumis à la Cour d’appel du District de Columbia pour qu’elle prenne une décision finale.

Ted Goodman, conseiller politique de M. Giuliani, a critiqué le travail du groupe d’experts en le qualifiant de « comportement digne de l’Union soviétique ».

« J’appelle les membres de base de l’association du barreau de Washington à s’élever contre cette grande injustice », a indiqué M. Goodman dans une déclaration.

Le travail de M. Giuliani après l’élection a fait de lui un personnage clé dans plusieurs enquêtes fédérales et d’État. Il a rencontré l’avocat spécial chargé d’enquêter sur les tentatives d’annulation de l’élection de 2020 et les procureurs du comté de Fulton, en Géorgie, qui mènent également une enquête.

Le panel de trois juges a examiné une affaire que M. Giuliani a plaidée le 17 novembre 2020, dix jours après que l’Associated Press et d’autres organes de presse ont annoncé l’élection de M. Biden.

La campagne de M. Trump s’est plainte du fait que Philadelphie et six comtés de Pennsylvanie contrôlés par les démocrates ont permis aux électeurs d’apporter des corrections aux bulletins de vote envoyés par la poste qui auraient autrement été disqualifiés pour des raisons techniques, telles que l’absence d’une enveloppe secrète ou d’une signature. D’autres comtés n’ont pas suivi cet exemple.

M. Giuliani a plaidé l’affaire. Bien qu’il ait déjà été procureur à New York, la plaidoirie en Pennsylvanie était sa première comparution devant un tribunal en tant qu’avocat depuis 1992, l’année précédant son élection à la mairie de New York, selon les archives fédérales.

Il a passé une grande partie de l’audience à alléguer sans fondement une conspiration nationale visant à voler l’élection à M. Trump, ce que l’ancien président continue de soutenir aujourd’hui.

Quelques jours plus tard, le juge de district Matthew Brann a rejeté les arguments de M. Giuliani, notant que la campagne de M. Trump voulait qu’il annule des millions de votes.

« On pourrait s’attendre à ce que, lorsqu’il cherche à obtenir un résultat aussi surprenant, un plaignant soit formidablement armé d’arguments juridiques convaincants et de preuves factuelles d’une corruption endémique, a écrit le juge Brann à l’époque. Cela n’a pas été le cas. »

L’examen effectué par le groupe d’experts vendredi indique que M. Giuliani « n’a apporté aucune preuve que des votes par correspondance frauduleux ont été effectivement émis ou comptés », mais qu’il s’est contenté de faire ses propres déductions.

« L’argument de M. Giuliani selon lequel il n’a pas eu le temps d’enquêter pleinement sur son affaire avant de la déposer est singulièrement peu convaincant, a écrit le jury. Il a cherché à bouleverser l’élection présidentielle, mais n’a jamais eu de preuves pour étayer cet effort. »

Le jury a déclaré que M. Giuliani avait enfreint une règle qui interdit aux avocats « d’adopter une conduite préjudiciable à l’administration de la justice ».

« Le fait d’encombrer les tribunaux d’affaires inutiles et frivoles constitue une telle violation », a déclaré le jury.