Tout juste revigorés par un vibrant appel du pape François en leur faveur, les militants contre la peine de mort aux États-Unis voient dès cette semaine leurs espoirs mis à l'épreuve de la réalité, avec trois exécutions prévues en trois jours.

Kelly Gissendaner, 47 ans, pourrait devenir mardi la seizième femme exécutée depuis que la Cour suprême a rétabli la peine capitale en 1976.

C'est également la seule femme à se trouver dans le couloir de la mort en Géorgie, État du sud-est de l'Amérique où l'âge minimum pour être exécuté est de 17 ans. On doit lui administrer des barbituriques par intraveineuse.

Mme Gissendaner avait été reconnue coupable en 1997 d'avoir comploté avec son amant pour assassiner son mari.

L'amant, qui avait commis physiquement le meurtre, purge une peine de réclusion à perpétuité, qu'il avait à l'époque négociée en acceptant de plaider coupable. La femme avait refusé cette option, faisant le mauvais calcul qu'elle pourrait s'en sortir à meilleur compte.

«Ce résultat illustre une des failles majeures de la peine de mort: elle s'applique de façon arbitraire», a commenté Steven Hawkins, d'Amnesty International USA, en demandant que la sentence de Kelly Gissendaner soit commuée en prison à vie.

Mercredi, Richard Glossip, 52 ans, doit lui aussi subir une injection létale en Oklahoma, État du Sud connu pour son conservatisme.

L'homme, qui clame son innocence depuis 18 ans, avait bénéficié d'un sursis de dernière minute il y a quinze jours, grâce à un ultime recours déposé par ses avocats.

La défense de Glossip a depuis tenté d'obtenir l'annulation de la nouvelle date d'exécution fixée au 30 septembre, en arguant que le délai était trop court. Cette dernière manoeuvre a été rejetée lundi par un juge.

Après avoir été reconnu coupable d'avoir commandité en 1997 le meurtre du propriétaire d'un motel dont il assurait la gestion, sur la base d'un témoignage très controversé, Richard Glossip bénéficie aujourd'hui d'une vaste campagne de soutien, rassemblant des personnalités comme l'actrice Susan Sarandon ou le milliardaire Richard Branson.

«Handicapé mental» 

Jeudi, Alfredo Prieto, un meurtrier récidiviste condamné pour trois homicides et suspecté d'être impliqué dans six autres, doit à son tour être mis à mort par injection, en Virginie (est).

Ses avocats affirment depuis des années que cet immigrant du Salvador est handicapé mental et qu'il devrait donc être épargné.

Les autorités pénitentiaires locales ayant des difficultés à se procurer la substance létale nécessaire, car les firmes pharmaceutiques refusent de plus en plus de fournir de tels produits, celle-ci a été acheminée du Texas.

En demandant jeudi aux élus du Congrès d'abolir la peine capitale, le souverain pontife n'a pas mentionné les noms de Gissendaner, Glossip ou Prieto.

Mais les soutiens des condamnés, qui ont immédiatement renforcé la mobilisation sur les réseaux sociaux, y ont vu un motif d'espoir tombant à pic. Ceci, plus largement, dans un contexte de déclin des exécutions et des condamnations capitales dans le pays.

L'intervention papale permettra-t-elle à Kelly Gissendaner d'arracher un nouveau sursis, elle qui derrière les barreaux a redécouvert la foi et suivi des études de théologie?

La quadragénaire aurait dû mourir en février, puis en mars dernier, mais son exécution a été suspendue par deux fois in extremis, d'abord à cause d'une tempête de neige, ensuite en raison de l'aspect «trouble» du produit létal qu'on devait lui injecter.

En 2014, l'exécution d'un condamné dans l'Oklahoma, mort dans d'atroces souffrances après 40 minutes d'agonie à la suite d'une injection ratée, avait suscité un vif émoi et relancé le débat sur les méthodes d'exécution.

Des analyses ont depuis validé la substance qui doit être injectée à la condamnée.

Ces derniers jours, les trois enfants de la détenue ont demandé grâce pour leur mère. «Nous avons perdu notre père. Nous ne pouvons pas imaginer perdre aussi notre maman», ont-ils écrit.