Les spécialistes de la sécurité informatique ont salué vendredi le renforcement de la cyber-sécurité annoncé par le président Obama, prévenant qu'il restait du chemin à faire avant de faire des réseaux de communications américains un sanctuaire inviolable.

Fervent adepte des nouvelles technologies, Barack Obama a annoncé vendredi «une nouvelle approche globale» pour protéger les réseaux, non seulement gouvernementaux mais aussi privés, et la création d'un poste de haut responsable chargé de superviser la défense contre les intrusions.

C'est un «pas historique», a estimé Phil Bond, président de l'association TechAmerica, qui regroupe de nombreuses entreprises du secteur des nouvelles technologies.

«Protéger l'Amérique contre un «11-Septembre numérique» exige un investissement du président des Etats-Unis, une solide stratégie nationale, la présence d'un personnel hautement qualifié à la Maison Blanche et une coopération rapprochée avec le secteur privé», a-t-il ajouté.

Selon M. Bond, plus de 80% des infrastructures américaines vitales en matière de communications sont gérées par le secteur privé, mais leur sécurité doit faire l'objet d'un partenariat avec l'Etat.

«C'est le début d'une longue route et il faut que le président continue de s'y intéresser, qu'il trouve le bon budget», a expliqué de son côté Enrique Salem, un dirigeant de la firme Symantec, spécialisée dans la sécurité informatique.

«On ne peut se limiter à l'annonce d'aujourd'hui, sans qu'il y ait de suivi», a-t-il ajouté.

Tout en se montrant enthousiastes quant à l'initiative de M. Obama, les experts de la sécurité informatique ont observé que le discours avait manqué de précisions. De nombreuses questions restent encore en suspens selon eux, notamment au sujet du poste de «coordinateur à la cyber-sécurité» annoncé par M. Obama et qui aura pour mission d'assurer la sécurité des réseaux gouvernementaux, mais aussi privés.

Pour M. Salem, il est crucial que ce responsable soit doté d'un sérieux bagage technique et théorique.

«Je n'envie pas la personne qui va avoir le job, parce que ça va vraiment être difficile», a pour sa part estimé Paul Ferguson, un responsable de Trend Micro, une entreprise fabriquant des logiciels antivirus.

Autre difficulté soulevée par les experts: la difficile conciliation entre sécurité et respect de la vie privée et des libertés individuelles.

«Comment pouvez-vous défendre vos réseaux sans les placer sous surveillance?», a fait remarquer Jeff Moss, qui organise deux rendez-vous incontournables de la cyber-sécurité, «Black Hat» et «DefCon».

«Est-il possible de surveiller les réseaux gouvernementaux mais pas les réseaux privés dont dépend pourtant l'économie américaine? Si un réseau privé est piraté dans le but d'attaquer le gouvernement, il faudra suivre la trace» de l'attaque, et donc pénétrer dans le domaine du privé, a-t-il ajouté.

Mais selon le président de Computer & Communications Industry Association, Ed Black, M. Obama semble avoir compris ces dangers et l'importance de préserver un internet libre et ouvert.

«Si les agences gouvernementales vont trop loin, les dégâts causés à la vie privée et aux libertés individuelles frapperont de manière aussi grande la confiance en nos réseaux de communications que des actions terroristes et criminelles», a-t-il dit.