Un journaliste bangladais a été arrêté et un autre était en fuite mercredi après avoir publié de « fausses informations » sur des irrégularités lors des élections de dimanche qui ont été marquées par une victoire écrasante de la première ministre Sheikh Hasina, a annoncé la police.

Hedayet Hossain Mollah, qui travaille pour le journal Dhaka Tribune, a été arrêté mardi soir en vertu d'une loi très controversée accusée par les organisations de défense des droits de l'Homme de permettre au gouvernement de faire taire toute voix dissidente.

M. Mollah a été arrêté dans la région de Khulna (sud) après avoir rapporté que, dans une circonscription, il y avait eu 22 419 votants de plus que d'inscrits, a déclaré un responsable de la police locale, Mahbubur Rahman.

« Le taux de participation a été de 80 % », a assuré le policier, en ajoutant que M. Mollah était accusé d'avoir « diffusé de fausses informations dans le but de susciter des interrogations sur l'élection. »

M. Mollah est passible de 14 ans de prison en vertu d'une loi draconienne sur la presse créée par la première ministre.

Mahbubur Rahman a affirmé qu'un autre journaliste était recherché après qu'un fonctionnaire local eut porté plainte contre les deux reporters au nom de cette loi sur la presse.

A 71 ans, Sheikh Hasina a obtenu dimanche un quatrième mandat, dont le troisième consécutif.

Si elle a présidé à une période de robuste croissance économique au Bangladesh, elle est aussi décrite par ses détracteurs comme une autocrate qui a réprimé la dissidence par des arrestations massives de militants d'opposition, accompagnées de disparitions et de mesures à l'encontre de la presse.

Le photographe de presse bangladais Shahidul Alam, arrêté en août pour « propos provocateurs » après des manifestations antigouvernementales a finalement obtenu en novembre sa mise en liberté sous caution après avoir passé plus de 100 jours derrière les barreaux.

Dimanche, Mme Hasina a remporté pas moins de 98 % des sièges au cours d'élections, truquées selon l'opposition.

Des milliers de partisans de l'opposition avaient été arrêtés pendant la campagne. Des électeurs ont dénoncé des actes d'intimidation dans les bureaux de vote. Au moins 17 personnes ont été tuées dimanche en marge du scrutin.

L'Union européenne a demandé aux autorités bangladaises d'enquêter sur les violences et les « obstacles » qui ont perturbé le déroulement du scrutin.

Les États-Unis ont exprimé mardi leur « inquiétude » sur le déroulement des élections et ont demandé aux autorités de « répondre aux accusations d'irrégularités ».

Sheikh Hasina a dit avoir la « conscience tranquille ».