Une blogueuse vietnamienne a été condamnée vendredi à deux ans et neuf mois de prison pour avoir maculé de peinture blanche le drapeau de son pays, où dégrader les symboles de l'État est une grave infraction.

Huynh Thuc Vy, 32 ans, cofondatrice de l'ONG Women for Human Rights et enceinte de huit mois, est en résidence surveillée depuis août, après avoir publié sur Facebook une photo la représentant avec le drapeau vandalisé.

Elle voulait dénoncer « le drapeau rouge qui représente le régime autoritaire du parti communiste vietnamien qui va à l'encontre du progrès humain et symbolise les abus commis contre la démocratie et les droits de l'Homme ».

A l'issue d'un procès expéditif d'une demi-journée dans la province de Dak Lak (centre), Huynh Thuc Vy a annoncé à l'AFP avoir été condamnée à deux ans et neuf mois de prison pour « dégradation du drapeau national », un délit pour lequel la peine maximale est de trois ans de réclusion au Vietnam.

L'exécution de la peine est suspendue jusqu'à ce que le futur enfant de la blogueuse fête son troisième anniversaire, a précisé le tribunal. Mais d'ici là, les mouvements de la jeune femme seront contrôlés.

« Je ne suis pas surprise, je me suis préparée psychologiquement à ce jugement [...]. Ils veulent que cette condamnation me fasse quitter le Vietnam », a-t-elle ajouté.

Mais elle a assuré qu'elle ne se soumettra pas. « Rien ne peut changer mon état d'esprit, mes objectifs ou le travail que j'accomplis », a affirmé Huynh Thuc Vy, dont le père a passé dix ans en prison pour « propagande antiétatique ».

« Cette peine signifie qu'une jeune mère sera séparée de son enfant pendant des années simplement pour avoir exprimé des points de vue que le gouvernement n'aime pas », a déclaré Phil Robertson, directeur adjoint de HRW en Asie.

Le gouvernement du Vietnam, régime communiste à parti unique, est accusé de multiplier les arrestations depuis l'arrivée au pouvoir en 2016 d'un nouvel exécutif conservateur.

Plus de 50 militants ont été emprisonnés cette année par le régime. Une centaine de personnes ont été emprisonnées en 2017 pour des raisons politiques, d'après Amnistie internationale.