Sonia Gandhi, présidente du parti du Congrès au pouvoir en Inde, s'est opposée à ce que son fils Rahul devienne vendredi le candidat de cette formation à la succession du premier ministre Manmohan Singh, qui va quitter la scène politique, a déclaré jeudi un porte-parole.

Les analystes s'attendaient jusque-là à ce que Rahul Gandhi, descendant de Nehru et depuis janvier 2013 le dauphin de sa mère, soit officiellement déclaré, vendredi au cours d'une réunion à New Delhi, candidat du Congrès national indien (centre gauche) aux fonctions de chef du gouvernement.

Mais ces pronostics ont été déjoués jeudi au cours d'une réunion du Comité directeur de ce mouvement politique, le CWC (Comité de travail du Congrès).

«Tous les membres du CWC voulaient que soit annoncé qu'il (Rahul Gandhi, NDLR) serait le candidat au poste de premier ministre, mais la présidente du Congrès est intervenue», a révélé à la presse le porte-parole du parti Janardan Dwivedi.

«Elle (Sonia Gandhi, NDLR) a dit : "ce n'est pas dans la tradition du parti (d'annoncer le nom de son candidat aux fonctions de chef du gouvernement). Ce n'est pas parce qu'un certain parti a annoncé (qui serait) son candidat au poste de premier ministre que le Congrès fera pareil"», a ajouté le porte-parole.

L'intervention de Sonia Gandhi ôte presque à coup sûr à son fils Rahul, âgé de 43 ans, toutes ses chances d'être désigné vendredi candidat du parti à ces fonctions.

Sportif, formé notamment dans les prestigieuses universités de Harvard (États-Unis) et de Cambridge (Grande-Bretagne), celui-ci, qui n'a aucune expérience ministérielle et se montre réservé sur sa vocation politique, avait été poussé en avant de l'intérieur même d'un Congrès aux abois avant les législatives.

Ce parti, au pouvoir depuis 2004, n'avait pourtant a priori nulle intention de faire connaître le nom de son candidat au poste de chef du gouvernement avant ces élections, qui doivent avoir lieu d'ici au mois de mai.

Mais le Congrès est en retard dans les sondages sur le Bharatiya Janata Party (BJP, opposition), le parti nationaliste hindou emmené par Narendra Modi.

Ce dernier, qui est à la tête du gouvernement du Gujarat, est toutefois une personnalité controversée : il a en effet été mis en cause pour son rôle dans les émeutes religieuses de 2002, au cours desquelles 2000 personnes, essentiellement des musulmans, avaient trouvé la mort dans cet État de l'ouest après son arrivée au pouvoir.

M. Modi a récemment bénéficié d'un non-lieu dans ce dossier, mais une femme à qui il avait confié un portefeuille ministériel a été condamnée à 28 ans de prison.

Le premier ministre Manmohan Singh, 81 ans, a fait savoir le 3 janvier qu'il quitterait l'arène politique après les législatives et appelé Rahul Gandhi à lui succéder en cas de victoire du Parti du Congrès.

«Dans quelques mois, après les élections législatives, je remettrai le pouvoir à un nouveau premier ministre», quel que soit le résultat du scrutin, avait-il alors dit. «Rahul Gandhi serait un excellent candidat. J'espère que notre parti le désignera en temps voulu», avait-il ajouté.

Arrière-petit-fils de Nehru et petit-fils de la première ministre Indira Gandhi assassinée en 1984, Rahul Gandhi est l'objet de toutes les attentes depuis l'assassinat de son père Rajiv, en 1991.

Toujours célibataire, il a longtemps paru se dérober aux obligations de son illustre lignée avant d'accepter le poste de numéro deux du Congrès en janvier 2013.

Actuellement, l'économie indienne tourne au ralenti, les réformes patinent et le parti au pouvoir est éclaboussé par des scandales de corruption à répétition.