La première ministre d'Australie Julia Gillard a une nouvelle fois tenu en échec jeudi les contestataires au sein du Parti travailliste, qui souhaitent son remplacement pour renforcer les chances de la formation de remporter les prochaines élections en septembre.

Personne ne s'est présenté contre elle. Son principal rival, l'ancien Premier ministre Kevin Rudd, avait annoncé peu avant qu'il ne l'affronterait pas.

Depuis plusieurs jours, la presse australienne relayait les dissensions croissantes au sein du Parti travailliste, dont plusieurs hauts responsables, s'appuyant sur les sondages, jugent Mme Gillard incapable de mener la formation à la victoire lors des élections législatives du 14 septembre.

Le Parti travailliste est donné perdant face aux conservateurs s'il est mené par Julia Gillard, selon plusieurs sondages. Le dernier, réalisé par l'institut Newspol, date du 12 mars. Avec Kevin Rudd, la gauche l'emporterait.

Pour couper court aux chicanes internes, la chef du gouvernement, première femme à occuper ce poste en Australie, avait annoncé jeudi matin la tenue d'un vote, dès l'après-midi.

Trois hauts responsables ont indiqué cette semaine que le parti réclamait Kevin Rudd, un ancien premier ministre poussé dehors par Julia Gillard en juin 2010 lors d'un putsch interne au parti.

M. Rudd avait déjà tenté il y a un an de déloger Julia Gillard, mais il avait échoué, remportant moitié moins de voix que son adversaire. Il avait alors démissionné de son poste de ministre des Affaires étrangères et s'était engagé à ne plus contester son autorité.

«Je ne suis pas prêt à manquer à ma parole», a déclaré jeudi l'ancien premier ministre, alors que beaucoup le donnaient prêt à monter au créneau. Il a ajouté ne pas avoir de soutien suffisant au sein du parti pour revenir à la tête du parti et mener la campagne.

Dès le vote accompli, Julia Gillard a déclaré fermement : «l'affaire est complètement terminée». «Le gouvernement a un programme pour l'avenir du pays et nous entendons le poursuivre», a-t-elle ajouté.

Pour un des piliers de parti, Simon Crean, Rudd n'avait «pas d'autre option que de se présenter». «Je ne veux plus de ces jeux-là. Il est temps qu'il se déclare et qu'au lieu de laisser son camp multiplier les fuites, il ait le courage de ses convictions», ajoutait-il. «Quelque chose doit être fait pour sortir de cette impasse et résoudre la question une bonne fois pour toutes».

Simon Crean, ministre des Arts dans le gouvernement, a été démis de ses fonctions jeudi par Julia Gillard.

Rudd, 55 ans, a été chef du gouvernement entre 2007 et 2010. Contesté notamment pour sa gestion autoritaire, il avait été démis à l'issue d'un vote de l'exécutif travailliste qui avait désigné Julia Gillard pour prendre sa suite.

Lors de législatives anticipées, les Australiens avaient ensuite élu pour la première fois depuis 70 ans un Parlement sans majorité. Gillard était toutefois parvenue à former un gouvernement de coalition avec le soutien d'indépendants et des écologistes.

Cette rousse arrivée de son Pays de Galles natal à l'âge de cinq ans détonne dans le paysage souvent misogyne de la politique australienne, elle qui se revendique athée et républicaine (l'Australie a la reine d'Angleterre pour chef d'État) et vit en concubinage, sans enfant.

Très décriée, elle est cependant parvenue à faire passer une taxe carbone frappant les entreprises polluantes - son prédécesseur y avait échoué -.

Combative, dotée d'un humour froid, elle ne manque jamais une occasion de railler le sexisme et la misogynie de son principal opposant, Tony Abbott, le dirigeant du parti conservateur.