Un an après la mort de son «grand leader» Kim Jong-il, le mince espoir suscité par l'arrivée de son jeune fils Kim Jong-Un aux commandes du régime communiste a fait long feu: la Corée du Nord demeure aussi hermétique, isolée et indigente.

Âgé d'à peine 30 ans, formé en Suisse, son fils a pu faire illusion et laisser penser qu'il apportait le vent du changement dans son pays paria à l'économie sous perfusion chinoise, où des millions de personnes souffrent de la faim.

Mais ce changement ne fut jusqu'ici qu'anecdotique.

Pire, Pyongyang a humilié les «forces hostiles» qui la combattent en déjouant les systèmes d'observation et d'espionnage les plus modernes pour faire décoller une fusée que le monde entier pensait défectueuse, en cours de démontage.

Images satellites en main, les experts américains et sud-coréens affirmaient sans douter que la mise à feu subirait d'importants délais et pourrait même être annulée.

Moins de vingt-quatre heures plus tard, la fusée s'envolait bel et bien, et le Nord réalisait une première historique en mettant en orbite un satellite météo. Officiellement, car Washington et ses alliés y voient, eux, un énième essai de missile balistique.

«Le jeune dirigeant a suivi les enseignements de son père s'agissant des essais de missiles, tout en essayant de trouver son style de dictateur», ironise Cheong Seong-Chang de l'université Sejong à Séoul.

Certes, il prononce des discours. Son premier, au bout de quatre mois seulement à l'occasion du centenaire de la naissance de son grand-père Kim Il-Sung, fondateur en 1948 de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), nom officiel de la Corée du Nord.

Kim Jong-il, lui, ne se serait exprimé qu'une seule fois lors d'un grand événement public en 17 ans de pouvoir, pour prononcer... une phrase unique.

Mais sur le fond, «je ne crois pas qu'on puisse dire qu'il fasse quoi que ce soit de vraiment différent», estime Aidan Foster-Carter, spécialiste de la Corée à l'université de Leeds (Grande-Bretagne).

Il reste toujours aussi difficile de connaître le quotidien enduré par la population nord-coréenne, en particulier dans les campagnes, en dehors de Pyongyang, vitrine policée du régime.

Bien que Kim Jong-Un ait mis ses pas dans ceux de ses prédécesseurs en faisant de l'armée sa «première, seconde et troisième» priorité, ce jeune homme replet a également promis que les Nord-Coréens n'auraient «plus jamais à se serrer la ceinture».

Quelques mois plus tard, la «directive du 28 juin» semblait confirmer le nouveau volontarisme du régime en matière de réformes économiques et agricoles. On évoquait alors la possibilité pour un paysan de garder une partie de ses récoltes pour la vente privée, au lieu de tout remettre à l'État, aux fins d'améliorer la productivité.

Depuis, rien.

«Il n'était pas question de croire à un paquet de réformes, Kim Jong-Un venant dire "bon, d'accord les gars, on s'est trompé sur toute la ligne depuis toutes ces années"», souligne Aidan Foster-Carter, selon une lecture récente à l'International Institute for Strategic Studies (IISS) de Londres.

Selon les agences des Nations unies, des millions de Nord-Coréens vivent dans des conditions de grandes précarités en raison des pénuries alimentaires qui sévissent dans les pays à cause des sanctions internationales, de la vétusté des structures agricoles et des intempéries.

La principale récolte de 2012 et les récoltes précoces de 2013 devraient produire 5,8 millions de tonnes de céréales, une hausse de 10% par rapport à 2011-2012, selon l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM).

Mais ces chiffres, soulignent les agences, «ne doivent pas masquer le combat continu contre la sous-nutrition et le déficit en protéines vitales et en graisses, surtout pour 2,8 millions de personnes réputées vulnérables».