Plus d'un million de personnes dans le monde ont déjà signé une pétition pour soutenir la jeune Pakistanaise Malala Yousafzai, farouche défenseur de l'éducation des filles miraculée d'une attaque des talibans, a annoncé vendredi l'envoyé spécial de l'ONU Gordon Brown.

La popularité de la jeune fille est telle qu'une autre pétition, signée par 60 000 personnes, réclame que le prochain prix Nobel de la paix lui soit attribué, et que ce samedi a été déclaré par l'ONU «journée mondiale pour Malala et les millions d'enfants qui ne vont pas à l'école à travers le monde».

L'adolescente de 15 ans avait été blessée par balle le 9 octobre dernier à Mingora, principale ville de la vallée de Swat (nord-ouest du Pakistan) par un tueur envoyé par le Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), groupe fondamentaliste opposé à l'éducation laïque.

Touchée à la tête, Malala a survécu presque par miracle à cette tentative de meurtre, qui a bouleversé des millions de personnes à l'étranger, mais aussi au Pakistan, où la population a condamné presque à l'unisson cette attaque, oeuvre d'insurgés islamistes qui ont détruit au moins quatre écoles depuis un mois.

«Elle veut que je dise à tout le monde combien elle est reconnaissante et impressionnée que des hommes, des femmes et des enfants du monde entier s'intéressent à son rétablissement», a déclaré son père Ziauddin Yousafzai, au nom de Malala, soignée à l'hôpital Queen Elizabeth de Birmingham, en Angleterre.

«Nous sommes profondément touchés par les voeux de prompt rétablissement reçus du monde entier, venant de personnes appartenant à toutes les castes, de personnes de toutes les origines», a-t-il ajouté dans un communiqué.

Le soutien à l'adolescente, qui s'était fait connaître dès 2009 en signant un blogue dénonçant les exactions commises par les talibans à Swat sur le site de la BBC en ourdou, la langue officielle du Pakistan, avant de remporter le prix national pakistanais de la paix, a été plus loin que les simples voeux de prompt rétablissement.

Plus d'un million de personnes à travers le monde ont en effet déjà signé une pétition en soutien à l'adolescente et aux 32 millions de jeunes filles à travers le monde qui n'ont pas accès à l'éducation.

L'ex-premier ministre britannique devenu envoyé spécial de l'ONU pour «l'éducation dans le monde», Gordon Brown, a présenté vendredi à Islamabad la pétition au président pakistanais Asif Ali Zardari. Des organisations de la société civile pakistanaise avaient elles aussi recueilli un million de signatures de soutien à Malala et au droit à l'éducation en général.

«Malala et sa famille pensent qu'il y a beaucoup plus d'autres filles et familles courageuses dans votre pays qui veulent se lever pour le droit de chaque enfant, en particulier les filles, d'avoir accès à l'éducation», a dit M. Brown.

Le Pakistan, pays musulman de plus de 180 millions d'habitants, dépense moins de 2,5 % de son Produit intérieur brut (PIB) dans l'éducation, selon les données de l'UNICEF, un chiffre qui en fait l'un des dix pires pays au monde sur ce plan.

Les parents se tournent vers des écoles privées laïques ou coraniques, un commerce en pleine expansion dans le pays. Et des enfants issus des familles pauvres ne vont jamais à l'école.

Selon un rapport de l'ONU, 5,1 millions d'enfants pakistanais ne vont pas à l'école, dont 63 % sont des filles, dans un pays où le taux d'alphabétisation plafonne à 58 %.

Le Pakistan a annoncé vendredi qu'il souhaitait donner de l'argent à trois millions d'enfants des classes défavorisées en échange de leur présence en classe. «La communauté internationale offrira un soutien technique et financier au Pakistan tant qu'il s'engage à faire de l'éducation une priorité et livre des résultats», a déclaré M. Brown.

Quant à l'éventuelle attribution du prix Nobel de la paix à Malala, «cela enverrait un message clair que le monde soutient ceux qui défendent le droit des jeunes filles à recevoir une éducation», a déclaré Shahida Choudhary, une des militantes à l'origine de la pétition en ce sens.