L'armée australienne doit instaurer des quotas pour l'incorporation de femmes afin de réduire les discriminations, les violences et les brimades dont elles sont victimes, préconise un rapport officiel publié mercredi après des révélations sur ces pratiques tenaces.

Elizabeth Broderick, déléguée nationale à la lutte contre les discriminations sexuelles, dénonce dans cet épais document «des obstacles pratiques, culturels, systémiques aux changements d'attitude» envers les femmes dans les Forces armées australiennes (ADF).

«Malgré les progrès observés au cours des deux décennies passées, je ne suis pas confiante qu'aujourd'hui les femmes puissent s'épanouir à tous les postes de travail entrant dans la compétence de l'ADF».

Accroître la «masse critique» de femmes ainsi que leurs perspectives d'avancement est un élément essentiel des réformes à conduire au sein des forces armées australiennes, selon elle.

Elle propose ainsi d'imposer la présence de deux femmes au minimum au sein d'une unité de 10 personnes, une proposition irréaliste s'agissant des unités combattantes, 3% seulement des femmes candidates réussissant les épreuves physiques de sélection, selon ses détracteurs.

Mme Broderick affirme avoir recueilli des témoignages «profondément perturbants» et identifié des comportements «hautement sexualisés» et pourtant habituels.

Près d'une femme sur deux et un homme sur dix déclarent avoir été l'objet de harcèlement sexuel dans l'armée, un chiffre relativement proche des tendances observées dans la vie civile.

Le ministre de la Défense, Stephen Smith, et le chef de l'armée, David Hurley, ont exprimé leur soutien de principes aux 21 recommandations de Mme Broderick, tout en soulignant les pesanteurs des structures militaires.

Les changements de mentalité «prendront du temps et demanderont des efforts soutenus de la part de tout le personnel militaire pendant des années», a déclaré David Hurley.

De multiples affaires ont fait les gros titres de la presse australienne ces dernières années concernant des agressions sexuelles, des violences, des séances brutales de bizutage, et y compris des viols.

Un rapport détaillant une série d'incidents à bord du navire militaire HMAS Success en 2009 affirmait ainsi qu'il y régnait «une culture de prédateurs» et de débauche alcoolisée, avec par exemple un prix attribué à chaque conquête sexuelle d'une collègue femme.