Les Philippines redoutaient lundi de nouvelles pluies torrentielles dans le sillage d'une tempête tropicale attendue dans la soirée, après le déluge qui a noyé Manille la semaine dernière et touché près de 3,5 millions de personnes.

L'agence météorologique du pays estime que la dépression tropicale observée lundi matin à 600 kilomètres des côtes orientales, dans l'océan Pacifique, devrait épargner l'archipel.

Mais elle pourrait apporter d'importantes précipitations et aggraver les effets de la mousson qui a inondé 80% de la capitale et fait 92 morts, essentiellement par noyade, selon le dernier bilan des secours.

3,4 millions de personnes ont été affectées par la crue. Les habitants des immenses bidonvilles bâtis près de rivières, de canaux ou de réservoirs ont été les plus sévèrement touchés.

Près d'un demi-million de personnes ayant perdu leur logement dépendaient toujours lundi de centres d'hébergement installés dans des écoles et des églises, selon le Conseil national de réduction et de gestion des catastrophes naturelles.

Les eaux se sont très largement retirées du coeur de la mégapole, mais la crue persistait à sa périphérie, alimentée par les barrages qui continuaient de déverser leur excédent dans les rivières et les champs.

Les populations rurales étaient coupées du monde, souvent sans vivres ni eau potable, exposées à l'irruption de maladies comme la leptospirose qui avait fait 249 morts après les inondations de 2009.

«Ce sont ces populations qui nous préoccupent le plus», a confié à l'AFP le chef de la sécurité civile, Benito Ramos. «Une tempête arrive alors que nous ne nous sommes pas encore remis» de la précédente.

Les secours ont mobilisé des spécialistes des situations sanitaires d'urgence dans les zones inondées et dans les centres d'hébergement afin d'organiser la purification de l'eau, la conservation des aliments et l'installation de latrines.

Dans le district de Malabon, en baie de Manille, les habitants étaient à pied d'oeuvre lundi pour nettoyer leurs maisons envahies par l'eau et la boue, des efforts dérisoires si la pluie se remet à tomber.

«Beaucoup sont revenus chez eux pour reconstruire, mais malheureusement ils pourraient être obligés de s'en aller une fois encore si la nouvelle tempête cause des crues supplémentaires», se désole Roderick Tongol, responsable des secours à Malabon.

«Nous sommes en alerte et nous avons mobilisé toutes nos équipes à l'approche de cette tempête», dit-il.

Une vingtaine de typhons frappent les Philippines chaque année pendant la saison de la mousson (été et automne).

En 2009, la tempête tropicale Ketsana, qui avait noyé une grande partie de Manille sous les eaux, avait fait 464 morts.