Les services de renseignements russes enquêtent pour déterminer si l'accident d'un avion Soukhoï Superjet en Indonésie a pu être causé par un sabotage ourdi par les États-Unis, a affirmé jeudi le quotidien russe le plus lu du pays, Komsomolskaïa Pravda.

Dans un article titré Les Américains sont-ils impliqués dans le crash du Superjet, ce journal populaire cite des sources au sein des services secrets militaires qui relèvent que les rivaux commerciaux de la Russie dans le secteur de l'aviation civile ont intérêt à voir le Superjet échouer.

« Nous enquêtons sur la thèse du sabotage industriel », a indiqué cette source au sein du GRU, le service de renseignement de l'armée russe.

Ce responsable a notamment souligné que la Russie « suivait depuis longtemps les activités de l'US Air Force (l'armée de l'air américaine, NDLR), à l'aéroport de Jakarta ».

« Nous savons qu'ils ont une technologie spéciale, que nous avons aussi, qui permet de bloquer les signaux depuis le sol et peut causer des analyses fausses des paramètres » de vol, a-t-il encore dit.

« Peut-être que, ici aussi, c'est ce qui a causé les "interférences" » a encore dit cette source.

Interrogé par l'AFP, le porte-parole du Pentagone a rejeté ces insinuations. « Je n'ai qu'un mot à dire: absurde », a affirmé George Little.

L'accident a eu lieu lors d'un vol de démonstration censé vanter les mérites du Superjet 100, un tout nouveau modèle de l'avionneur Soukhoï qui porte les espoirs de l'aviation civile russe. Il transportait 45 personnes, toutes Indonésiennes à l'exception de huit Russes, un Français et un Américain.

Toutes les personnes à bord sont mortes. Une des deux boîtes noires a été retrouvée, et les autorités russes comme indonésiennes n'ont pour le moment pas pu expliquer l'écrasement.

Des responsables russes ont l'habitude d'accuser à demi-mot l'Occident, en particulier les États-Unis, de sabotage.

Ainsi, le directeur de Roskosmos, Vladimir Popovkine et le vice-premier ministre Dmitri Rogozine avaient brièvement évoqué la piste d'interférences provenant d'un radar américain pour expliquer l'échec en novembre d'une sonde martienne russe.

Certains responsables militaires et médias russes évoquent aussi régulièrement une piste américaine pour expliquer le naufrage du sous-marin Koursk en août 2000 (118 morts).