Le bourg de Wukan, dans le sud de la Chine, devenu célèbre fin 2011 pour la rébellion menée par ses habitants contre les autorités, était prêt pour un scrutin municipal hors norme samedi, au cours duquel les électeurs comptent choisir librement leur comité de village.

Wukan, un bourg côtier de 13 000 habitants dans la province de Canton, a fait les grands titres de la presse internationale en décembre lorsque ses habitants se sont rebellés contre des saisies de terres à répétition. En dépit de la censure, ce soulèvement a été très suivi sur les sites de microblogs en Chine.

Les habitants ont chassé les cadres communistes accusés d'avoir saisi des terres pour les vendre à des promoteurs, avant que la répression ne se déchaîne. La bourgade a été soumise à un blocus et les leaders de la rébellion ont été arrêtés. L'un d'eux est mort en prison.

Mais le gouvernement de la province a finalement capitulé et fait quelques concessions aux habitants, notamment cette élection singulière dont une première étape s'est déroulée le 11 février.

Ce samedi-là, les habitants ont élu une centaine de représentants -dont la fille du meneur de la rébellion mort en prison- qui devaient présenter à leur tour des candidats pour l'élection, le samedi 3 mars, des sept membres du comité qui dirigera le village à l'avenir.

Tout le monde participe. Je veux voter pour quelqu'un d'honnête, je ne veux pas d'un autre responsable corrompu», a déclaré à la veille du scrutin Wu, une habitante qui tient une petite échoppe de restauration dans le bourg.

En attendant, un des leaders de la révolte, Lin Zuluan, a été nommé chef du parti communiste pour Wukan, remplaçant un homme d'affaires qui avait occupé ce poste pendant 42 ans et était accusé de voler la terre pour la vendre à des promoteurs.

La Chine -État doté d'un système de parti unique où les dirigeants ne sont pas élus par le peuple- permet aux villageois de voter au niveau local pour un comité censé les représenter. Mais avant la révolte, le comité était choisi par les dirigeants communistes, à huis clos.

Si les habitants ont droit cette fois-ci à un choix autre, les comités de village restent en dernière instance soumis aux ordres du parti communiste.