Au moins 48 personnes ont été tuées vendredi dans un attentat suicide perpétré dans une mosquée à l'heure de la prière dans le nord-ouest du Pakistan, secoué par la rébellion des talibans, au cours de l'attaque la plus sanglante dans le pays depuis trois mois.

Le dernier bilan s'élève à 48 morts et plus d'une centaine de blessés, a déclaré à l'AFP un haut responsable de l'administration, Mutahar Zeb, qui a précisé que quatre garçons de moins de neuf ans se trouvaient parmi les personnes tuées.

Si l'attentat n'a pas été revendiqué dans l'immédiat, les attaques les plus sanglantes perpétrées depuis quatre ans au Pakistan ont souvent été attribuées au Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), allié à Al-Qaïda et qui a déclaré la guerre sainte au gouvernement pour le punir de son alliance avec les Américains dans la «guerre contre le terrorisme».

Le nombre des attentats a baissé en 2011, mais plusieurs attaques meurtrières ont été perpétrées depuis le raid militaire américain qui a tué le chef d'Al-Qaïda, Oussama ben Laden, dans le nord du pays début mai.

L'attentat de vendredi a eu lieu en plein mois de jeûne du ramadan, alors que plus de 500 fidèles étaient rassemblés à l'occasion de la grande prière du vendredi dans une mosquée de Jamrud, à 25 km au sud-ouest de Peshawar, la grande ville du nord-ouest.

Selon un responsable de l'administration locale, Sayed Ahmed Jan, l'explosion a eu lieu quelques secondes après la fin de la prière.

«C'était un attentat suicide. Le kamikaze portait sur lui 8 à 10 kg d'explosifs, qu'il a déclenchés dans la salle principale de la mosquée», a expliqué le chef adjoint de l'administration du district, Khalid Mumtaz Kundi.

L'intérieur de la mosquée et le jardin attenant étaient couverts de sang et jonchés de restes humains, a constaté sur place un journaliste de l'AFP.

L'explosion a fissuré les murs du bâtiment et détruit presque toutes ses portes et fenêtres, ainsi que les ventilateurs fixés au plafond et le circuit électrique.

Les zones tribales pakistanaises sont les bastions des rebelles talibans pakistanais et des combattants d'Al-Qaïda.

Sous la pression de son allié américain, l'armée pakistanaise y a mené ces dernières années plusieurs offensives contre les rebelles, sans toutefois faire cesser les violences.

Les derniers attentats sanglants perpétrés ces derniers mois avaient été revendiqués par les talibans, qui avaient indiqué avoir ainsi vengé la mort d'Oussama Ben Laden.

Moins de deux semaines après le raid américain, deux kamikazes talibans avaient tué 98 personnes en se faisant exploser au milieu d'un groupe d'élèves policiers qui partaient en permission, également dans le nord-ouest.

Plus de 4500 personnes ont été tuées au Pakistan dans des attaques attribuées aux insurgés islamistes depuis quatre ans.

Les talibans dénoncent notamment la campagne de tirs de drones américains menée depuis 2004 dans les zones tribales, qui a tué des centaines de combattants islamistes, selon les autorités locales.

Le dernier bombardement de drone a eu lieu vendredi, quelques heures avant l'attentat de Jamrud. Deux missiles ont détruit une maison et tué quatre rebelles dans le Waziristan du Sud, selon les responsables locaux.

Les relations entre le Pakistan et les États-Unis, alliés depuis 2001, sont au plus bas depuis le raid américain qui a tué Oussama Ben Laden. Une vingtaine de bombardements de drones sur les zones tribales ont eu lieu depuis.

La campagne de tirs de drones est un symbole de la relation ambiguë qui lie le Pakistan et les États-Unis. Si Islamabad dénonce officiellement ces bombardements, la plupart des observateurs estiment qu'ils sont le fruit d'un accord tacite entre les deux pays, les États-Unis versant de leur côté chaque année au Pakistan, en déficit chronique, plus de 2 milliards de dollars d'aide.