L'armée pakistanaise peut fonctionner sans aide financière extérieure, a déclaré lundi son porte-parole, en réponse à l'annonce américaine de suspendre une partie de son aide militaire au Pakistan.

Dans un message transmis à l'AFP, le porte-parole de l'armée, le général Athar Abbas, ajoute qu'Islamabad n'a pour l'heure reçu «aucune notification officielle ou communication» américaine sur le sujet.

Le secrétaire général de la Maison-Blanche, William Daley, avait annoncé dimanche que Washington avait décidé de suspendre une partie de son importante aide militaire au Pakistan, son allié dans sa guerre au terrorisme contre les groupes armés islamistes et Al Qaïda avec lequel les relations se sont sévèrement dégradées.

«Nous n'avons reçu aucune notification officielle ou communication sur le sujet», indique le général Athar Abbas. «Au-delà de cela, l'armée, aujourd'hui comme hier, a mené avec succès des offensives en utilisant ses propres ressources sans quelque soutien extérieur que ce soit».

La décision américaine porte sur environ 800 millions de dollars, soit plus d'un tiers des quelque 2,7 milliards de dollars que les États unis versent par an au Pakistan.

Une partie de cette somme sert à financer le déploiement de plus de 100 000 soldats dans le nord-ouest, frontalier de l'Afghanistan, soit plus que les quelque 99 000 troupes américaines déployées dans l'Afghanistan voisin.

Les ventes d'armes au Pakistan, comme les avions de combat F-16, et l'aide non militaire à ce pays éprouvé par les ravages des inondations de 2010, ne sont pas concernées, selon des responsables cités par le New York Times.

Le Pakistan est l'allié de Washington dans la région depuis les attentats du 11-Septembre 2001. Les relations entre les deux pays sont cependant restées délicates et le raid américain du 2 mai en territoire pakistanais au cours duquel Oussama ben Laden a été tué a cristallisé la suspicion mutuelle.

Côté américain, la présence du chef d'Al-Qaïda dans une ville-garnison du nord du Pakistan a relancé les doutes sur la compétence des services de renseignement pakistanais, voire des complicités avec la nébuleuse islamiste.

Les États-Unis considèrent que les principaux cadres d'Al-Qaïda se cachent au Pakistan et entraînent leurs kamikazes dans les camps des talibans pakistanais, dans les zones tribales du nord-ouest, qui servent également de bases aux talibans afghans.

Côté pakistanais, le raid a été vécu comme une humiliation pour l'armée pakistanaise, institution clé de ce grand pays musulman de 170 millions d'habitants à l'opinion publique majoritairement anti-américaine. Islamabad a depuis demandé aux Américains de retirer une centaine de conseillers militaires américains de son territoire.

Le Pakistan demeure toutefois un acteur clé du processus de paix en Afghanistan d'où le président Obama a décidé de retirer les forces américaines d'ici à fin 2014.