Le président du Kazakhstan Noursoultan Nazarbaïev, s'est déclaré vendredi candidat à sa réélection à la présidentielle qu'il a convoquée pour le 3 avril prochain dans cette république d'Asie centrale qu'il dirige depuis l'époque soviétique.    

«Je donne mon accord pour être candidat au poste de président de la république du Kazakhstan», a déclaré M. Nazarbaïev, 70 ans, lors d'un congrès de son parti Nour-Otan de quelque 600 délégués.

Ce parti, qui contrôle l'ensemble des sièges au Parlement kazakh, venait de proposer officiellement, sans surprise, la candidature de M. Nazarbaïev.

«Notre leader est un génie, un don de Dieu et de la nature (...) Les gens disent aujourd'hui: cet homme incarne le Soleil! Qu'il continue d'éclairer la voie du Kazakhstan!», a déclaré le député du parti Vladimir Nekhorochev.

«Je considère la décision (du parti) de présenter ma candidature à la présidentielle comme un soutien à ma politique», a ajouté M. Nazarbaïev.

«Ensemble, nous allons gagner», a-t-il dit.

Il a également promis «une modernisation du système politique» qui prévoit d'élargir les pouvoirs du Parlement et renforcer le rôle des partis politiques.

Après plus d'un mois de spéculations, M. Nazarbaïev a renoncé la semaine dernière à l'organisation d'un référendum pour prolonger son mandat sans élection de 2012 à 2020, mais a convoqué une présidentielle anticipée.

Cette décision est intervenue après de vives critiques de ses alliés occidentaux, les États-Unis et l'Union européenne.

L'Occident évite généralement de critiquer le Kazakhstan, afin de maintenir ses bonnes relations avec cette puissance pétrolière stratégique encadrée par la Russie et la Chine.

L'opposition kazakhe a dénoncé l'intention du pouvoir d'accélérer au maximum la tenue de la présidentielle pour gêner autant que possible la concurrence.

Les partis doivent enregistrer leurs candidats avant le 20 février, et ces derniers pourront mener leur campagne du 3 mars au 1er avril.

Le chef d'un parti d'opposition, Ak-Jol Alikhan Baïmenov a indiqué qu'il ne se présenterait pas, le scrutin étant joué d'avance.

Selon les ONG de défense des droits de l'homme, l'opposition et la presse indépendante sont réprimées, alors que le pays est de facto dirigé par un parti unique depuis les législatives de 2007, lors desquelles Nour-Otan a raflé tous les sièges.

À la tête de l'État depuis 1989, le président kazakh a promis dans un discours à la nation qu'il resterait au pouvoir tant que sa santé le lui permettait.

L'un de ses conseillers a exclu début février la répétition au Kazakhstan du scénario égyptien où les manifestants réclament le départ du président Hosni Moubarak, en place depuis 30 ans.

«En Égypte la moitié de la population vit sur deux dollars par jour. Nous avions la même situation en 1990, mais notre président a pris de bonnes décisions pour mener des réformes de marché», avait dit le conseiller Ermoukhamet Ertysbaïev.

Aucune élection au Kazakhstan n'a été reconnue comme libre par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) depuis l'indépendance de cette ex-république soviétique en 1991.

En 2010, M. Nazarbaïev s'est fait attribuer le titre d'Elbassy (chef de la Nation en kazakh), un statut qui lui confère, à vie, le pouvoir de décider des grandes orientations politiques du pays ainsi qu'une immunité perpétuelle.