Le principal suspect dans le massacre de 57 civils, le 23 novembre dans le sud des Philippines, fils d'un gouverneur de l'île de Mindanao a plaidé non coupable mardi devant un tribunal spécial.

Officiellement inculpé de multiples meurtres et soupçonné d'avoir dirigé le massacre, Andal Ampatuan Jr a comparu mardi devant un tribunal spécial de police à Manille, après avoir été escorté par une trentaine de policiers lourdement armés. Inculpé de 41 meurtres, le principal suspect a plaidé «non coupable», par l'intermédiaire de son avocat Sigfrid Fortun, qui a déposé une demande de remise en liberté sous caution.

Il devrait au final être inculpé de 57 meurtres une fois tous les certificats de décès vérifiés.

Le juge a ajourné l'audience d'une semaine, au 13 janvier, alors que le procureur a demandé l'audition d'une douzaine de témoins, afin de contrer la demande de remise en liberté du suspect.

Andal Ampatuan Jr, maire d'une localité et fils du gouverneur provincial de Maguindanao, lui-même arrêté, s'était rendu aux autorités quelques jours après la tuerie mais avait nié en être responsable.

Cinquante sept personnes, dont une trentaine de journalistes, avaient été abattues le 23 novembre dans un village de Maguindanao par des hommes armés sur fond de rivalités politiques.

Le massacre visait, selon des proches des victimes et la police, à empêcher un rival de se présenter à une élection au poste de gouverneur prévue l'an prochain, poste que le gouverneur actuel voulait réserver à son fils âgé d'une quarantaine d'années.

Le puissant gouverneur Andal Ampatuan Sr, en poste depuis près de dix ans et ancien membre de la coalition de la présidente philippine Gloria Arroyo, ainsi que d'autres membres de son clan ont été arrêtés et inculpés de rébellion. La date de leur comparution n'a pas été fixée.

Dans un pays miné par les problèmes de violence politique et une corruption chronique, un juge a déjà décidé de dessaisir de l'affaire, indiquant qu'il craignait pour sa vie. Des membres du service du procureur ont également demandé au ministère de la Justice de prendre des mesures afin de protéger les témoins dans l'affaire.

«Je m'attends à un procès rapide», a indiqué Myrna Reblando, dont le mari journaliste a été tué dans le massacre. «Mais ceux qui restent, comme moi, sont prêts à se battre pour obtenir justice, aussi longtemps que cela pourra prendre».

Les règlements de comptes et les violences entre clans rivaux, dotés de milices privées, ne sont pas rares dans le sud des Philippines, également théâtre d'un conflit entre l'armée et les rebelles séparatistes musulmans.