Deux hauts diplomates américains attendus cette semaine en Birmanie devraient rencontrer la figure de l'opposition Aung San Suu Kyi mais pas l'homme fort du régime, le généralissime Than Shwe, a-t-on appris dimanche auprès d'un responsable birman.

Le secrétaire d'Etat adjoint américain pour l'Asie de l'Est et le Pacifique, Kurt Campbell, et le sous-secrétaire d'Etat adjoint Scot Marciel doivent se rendre en Birmanie mardi et mercredi.

Aucun programme officiel n'a été publié, mais un responsable birman a indiqué à l'AFP que les deux diplomates pourraient s'entretenir avec la lauréate du prix Nobel de la Paix.

En revanche, ils ne rencontreront probablement pas le numéro un du régime, qui vit reclus à Naypyidaw, la nouvelle capitale de la Birmanie depuis 2005.

«Kurt Campbell ira directement mardi à Naypyidaw et rencontrera le Premier ministre» Thein Sein, a indiqué le responsable, sous couvert de l'anonymat.

«Il reviendra mercredi et rencontrera Suu Kyi et (des cadres) de la Ligue nationale pour la démocratie (LND)», a-t-il ajouté, laissant entendre que le programme était modifiable à la dernière minute.

Cette visite constitue une nouvelle étape dans le rapprochement entre les Etats-Unis et la Birmanie après les entretiens de New York fin septembre, les premiers entre les deux pays en plus de dix ans.

La junte a donné depuis début octobre quelques signes d'une volonté de dialogue.

Alors qu'a été confirmée le 2 octobre sa condamnation à 18 mois supplémentaires d'assignation à résidence, Aung San Suu Kyi a rencontré par deux fois Aung Kyi, ministre du Travail et officier de liaison du régime. Ils ne s'adressaient plus la parole depuis janvier 2008.

Elle a ensuite débattu des sanctions occidentales avec des diplomates étrangers après en avoir fait la demande dans une lettre au généralissime Than Shwe, homme fort de la junte.

M. Campbell a récemment admis devant le Congrès américain que le processus, dont l'objectif est de pousser pour d'authentiques réformes démocratiques en Birmanie avant les élections promises en 2010 par la junte, ne serait ni simple ni rectiligne.

Win Min, militant pro-démocratie et chercheur basé en Thaïlande, estime que le secrétaire d'Etat adjoint a effectivement très peu de chances de rencontrer Than Shwe, qui pourrait même selon lui quitter la capitale pendant sa visite.

«Il ne veut pas faire de concessions même s'il veut la levée des sanctions américaines», a-t-il affirmé, rappelant que le militaire avait déjà évité en 2003 de rencontrer l'envoyé spécial des Nations unies, Razali Ismail.