Le Pakistan a fermement rejeté mardi les accusations proférées par le Premier ministre indien Manmohan Singh selon lesquelles des officines de l'Etat pakistanais avaient «soutenu» les attentats de Bombay, Islamabad jugeant que New Delhi attisait les tensions.

«Le gouvernement pakistanais rejette catégoriquement les allégations malencontreuses dirigées contre le Pakistan par le premier ministre indien à New Delhi aujourd'hui», a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.«Au lieu de répondre positivement à l'offre du Pakistan de coopération (...) l'Inde a choisi de s'embarquer dans une offensive de propagande», poursuit le ministère.

«Cela va non seulement attiser les tensions, mais aussi ruiner toute perspective d'enquête sérieuse et objective sur les attentats de Bombay», a prévenu la diplomatie pakistanaise.

L'Inde avait lancé mardi ses plus graves accusations à l'adresse du Pakistan depuis les attentats de Bombay, assurant que des officines de l'Etat pakistanais avaient «soutenu» ces attaques et accusant Islamabad de se servir du «terrorisme» pour lui nuire.

«Il y a suffisamment de preuves pour montrer que, vu la sophistication et la précision militaires des attaques de Bombay, elles avaient obligatoirement reçu le soutien de certaines agences officielles au Pakistan», a déclaré le Premier ministre Singh, fustigeant au passage «une hystérie guerrière attisée par le Pakistan».

L'Inde, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne imputent le carnage de Bombay (172 morts, dont neuf assaillants) au Lashkar-e-Taïba (LeT), un groupe islamiste armé clandestin pakistanais.

Ce mouvement --qui a nié toute responsabilité-- aurait entraîné le commando de 10 assaillants, tous des Pakistanais selon New Delhi, épaulés par des «éléments» du régime pakistanais, c'est-à-dire liés aux services de renseignement d'Islamabad, affirment des responsables officiels indiens.

«Calomnier le Pakistan ou quelque institution de l'Etat est injustifié et inacceptable. C'est le plus sûr moyen de fermer les routes de la coopération dans la lutte contre cette menace» terroriste, a encore dit le ministère pakistanais.

«Le Pakistan est une victime du terrorisme (...) Le Pakistan n'est pas un Etat qui sponsorise le terrorisme», a affirmé Islamabad, rappelant qu'il «ne permettrait pas que son territoire serve à des actions terroristes localement ou à l'étranger».

Le premier ministre Singh avait accusé «le Pakistan de sponsoriser (et) d'utiliser le terrorisme comme un instrument de (sa) politique d'Etat», répétant que ce pays «avait dans le passé encouragé et offert un sanctuaire à des terroristes hostiles à l'Inde».

Depuis les attaques islamistes qui ont frappé du 26 au 29 novembre la mégalopole-symbole de la puissance économique indienne, l'Inde et le Pakistan enchaînent les joutes diplomatiques, mais sans prendre de mesures concrètes pouvant les conduire à se faire la guerre.