(Erevan) Quelque 3000 Arméniens ont manifesté jeudi dans la capitale Erevan contre le premier ministre Nikol Pachinian, dénonçant les concessions territoriales qu’il a récemment accordées à l’Azerbaïdjan voisin pour apaiser les relations entre ces deux pays rivaux du Caucase, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Une série de rassemblements a secoué l’Arménie depuis l’approbation fin avril par le gouvernement de la restitution de quatre villages frontaliers de la région de Tavouch, saisis dans les années 1990, à l’Azerbaïdjan.

Les manifestants, encouragés par leur charismatique leader, l’archevêque Bagrat Galstanian, réclament la démission de Nikol Pachinian.  

Jeudi, ils étaient encore 3000 rassemblés sur une place centrale d’Erevan, devant les bureaux du gouvernement où le premier ministre présidait une réunion hebdomadaire de son équipe, a constaté l’AFP.

Les manifestants, qui ont bloqué la circulation dans le quartier avec leurs véhicules, ont eu quelques échanges tendus avec la police anti-émeute.

« Nous sommes venus dire à cet homme (Nikol Pachinian) qu’il n’a rien à faire dans ce pays », a clamé devant la foule Bagrat Galstanian.

Le prélat de 53 ans appelle au vote d’une motion de défiance contre le premier ministre, arrivé au pouvoir en 2018.

Il a temporairement renoncé lundi à ses fonctions cléricales, étape nécessaire pour pouvoir envisager de briguer le poste de premier ministre.

En l’état, ce chef religieux de la région de Tavouch ne peut pas se présenter à ce poste, en raison de sa double nationalité arménienne et canadienne. Rien ne l’empêcherait cependant de renoncer à sa nationalité canadienne, un processus potentiellement long.

Les villages rétrocédés revêtent une importance stratégique pour l’Arménie, pays enclavé, car ils contrôlent des tronçons d’une route vitale vers la Géorgie.

Les Arméniens de cette région affirment que leur cession les coupe du reste du pays, et accusent Nikol Pachinian de céder des territoires sans concession en retour.

M. Pachinian assure lui que cette décision vise à garantir la paix avec Bakou.

L’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont affrontés lors de deux guerres autour du contrôle de la région du Haut-Karabakh, enclave arménienne au sein de l’Azerbaïdjan.

La première, dans les années 1990, a été remportée par l’Arménie.  

L’Azerbaïdjan a ensuite repris le contrôle d’une partie de la région à l’automne 2020, avant d’en prendre la totalité après une offensive éclair en septembre 2023, chassant les séparatistes arméniens qui la dirigeaient depuis trois décennies.