(Pékin) La Chine a accusé mercredi les États-Unis de « provocation » après l’incident survenu entre un avion de chasse chinois et un appareil de reconnaissance américain au-dessus de la mer de Chine méridionale, Washington appelant de son côté à une meilleure communication entre les deux pays.

Ce qu’il faut savoir

  • La Chine affirme qu’un avion de reconnaissance américain RC-135 a délibérément fait irruption dans sa zone d’entraînement pour effectuer des opérations de reconnaissance.
  • De son côté, l’armée américaine a déclaré qu’un pilote d’avion de combat chinois avait effectué « une manœuvre agressive injustifiée » près d’un appareil militaire de reconnaissance américain qui opérait au-dessus de la mer de Chine méridionale.
  • Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a appelé Pékin à une meilleure communication avec Washington. « Je pense que cela ne fait que souligner pourquoi il est important que nous ayons des lignes de communication régulières et ouvertes, y compris entre nos ministres de la Défense », a déclaré M. Blinken à la presse lors d’une visite en Suède.
  • Un incident similaire entre un avion de combat chinois et un RC-135 s’était déjà déroulé en décembre.

« Un avion de reconnaissance américain RC-135 a délibérément fait irruption dans notre zone d’entraînement pour effectuer [des opérations] de reconnaissance », a affirmé dans un communiqué Zhang Nandong, un porte-parole militaire chinois.

La Chine a envoyé des avions pour suivre et surveiller l’appareil américain « conformément aux lois et aux règlements ».

« Ces manœuvres provocatrices et dangereuses sont la source des problèmes de sécurité maritime », a quant à elle commenté Mao Ning, une porte-parole du ministère des Affaires étrangères, estimant que « les États-Unis devraient immédiatement cesser ces dangereuses provocations ».

« Je pense que cela ne fait que souligner pourquoi il est important que nous ayons des lignes de communication régulières et ouvertes, y compris entre nos ministres de la Défense », a réagi le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken devant la presse au cours d’une visite en Suède.

« Manœuvre dangereuse »

Pékin « accorde une grande importance au développement des relations militaires entre la Chine et les États-Unis et à la communication à tous les niveaux », a pour sa part dit Tan Kefei, le porte-parole du ministère chinois de la Défense, dans un communiqué.

Washington est « entièrement responsable des difficultés actuelles dans les échanges entre les deux armées », a-t-il poursuivi.

D’un côté, les États-Unis ne cessent de dire qu’ils veulent renforcer la communication, mais, de l’autre, ils ignorent les inquiétudes de la Chine et créent artificiellement des obstacles, nuisant gravement à la confiance mutuelle entre les deux armées ».

Tan Kefei, porte-parole du ministère chinois de la Défense, dans un communiqué

Selon les militaires américains, un pilote d’avion de combat chinois a effectué vendredi « une manœuvre agressive injustifiée » près de l’appareil de reconnaissance américain.

Il « a fait une manœuvre dangereuse en s’approchant de l’avion très, très près », a encore insisté M. Blinken mercredi. « Il y a eu une série d’actions similaires non seulement à notre égard, mais à l’égard d’autres pays ces derniers mois », a-t-il ajouté.

Le Commandement pour l’Indo-Pacifique (IndoPacom) de l’armée américaine a raconté que l’appareil chinois avait volé « directement devant et à moins de 120 mètres du nez du RC-135, forçant l’avion américain à traverser les turbulences dans son sillage ».

Le RC-135 réalisait « des opérations de routine sans risque au-dessus de la mer de Chine méridionale » et ce « dans l’espace aérien international, conformément au droit international », a assuré IndoPacom.

Des images vidéo rendues publiques montrent un avion de combat passer devant un appareil américain, que l’on aperçoit secoué par les turbulences consécutives à ce passage.

Accusations mutuelles

L’incident de vendredi est survenu sur fond de tensions déjà élevées entre Pékin et Washington en particulier à propos de Taïwan et à la suite du survol par un ballon chinois du territoire américain en début d’année.

« L’envoi fréquent et sur une longue période par les États-Unis de navires et d’avions afin d’effectuer une surveillance rapprochée de la Chine porte gravement atteinte à la souveraineté et à la sécurité nationale chinoises », a dénoncé mercredi Mao Ning.

Un haut responsable militaire américain s’exprimant sous le couvert de l’anonymat a de son côté affirmé qu’il y avait « une augmentation alarmante du nombre des interceptions et des confrontations aériennes risquées en mer » impliquant des avions et des navires chinois.

De tels actes « peuvent créer un incident ou une erreur de calcul dangereuse », a-t-il ajouté.

« Nous ne considérons pas que [ces interceptions] sont effectuées par des pilotes opérant indépendamment », a précisé le haut responsable. « Nous estimons que cela entre dans le cadre d’un schéma répété plus large ».

Un incident similaire entre un avion de combat chinois et un RC-135 s’était déjà déroulé en décembre, forçant l’appareil américain à « effectuer des manœuvres d’évitement pour éviter une collision », avait annoncé IndoPacom à l’époque.

Invitation déclinée ?

« Je pense que c’est regrettable », a commenté jeudi depuis Tokyo M. Austin, qui en juin 2022 avait rencontré le prédécesseur de Li Shangfu lors du même sommet à Singapour.

« Vous m’avez entendu parler à plusieurs reprises de l’importance pour les pays dotés de capacités importantes de pouvoir se parler afin de gérer les crises et d’éviter que la situation ne devienne inutilement incontrôlable », a-t-il souligné, ajoutant que les récentes « interceptions provocatrices de nos avions et de ceux de nos alliés » par la Chine étaient « très préoccupantes ».

M. Blinken avait également condamné mercredi cette décision, que Pékin n’a pas confirmée officiellement.

Lloyd Austin et d’autres responsables américains travaillent à renforcer les alliances des États-Unis en Asie afin de contrer les agissements des Chinois dans la région, même si les deux camps ont également parfois joué l’apaisement.

Le conseiller à la Sécurité nationale de la Maison-Blanche Jake Sullivan a rencontré en mai le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi à Vienne. Et le président des États-Unis Joe Biden a récemment déclaré que les relations entre Washington et Pékin devraient « très bientôt » se détendre.