(Qingyuan) La Chine a levé mardi après-midi une brève alerte rouge émise sur une partie du sud du pays, où des pluies diluviennes meurtrières ont entraîné l’évacuation de 110 000 habitants dans la province la plus peuplée.

Depuis jeudi, des pluies torrentielles frappent la province du Guangdong, emblématique de la puissance manufacturière chinoise avec ses dizaines de milliers d’usines tournées vers l’export et qui compte quelque 127 millions d’habitants.

Les cours d’eau ont gonflé à un niveau tel qu’il fait craindre les « inondations du siècle », ont averti les autorités.

La métropole de Shenzhen a été placée plusieurs heures en alerte rouge, soit le niveau de risque le plus élevé.  

Elle a finalement été levée à la faveur d’une sensible amélioration des conditions météorologiques dans cette ville de 17,7 millions d’habitants, limitrophe de Hong Kong.

En septembre déjà, Shenzhen avait été touchée par des pluies torrentielles, les plus importantes jamais enregistrées depuis le début des relevés météorologiques en 1952, selon les médias d’État.

Les intempéries des derniers jours ont fait au moins quatre morts dans le Guangdong, tandis que 10 personnes sont toujours portées disparues, selon un bilan officiel revu à la hausse lundi qui n’a pas évolué.  

Par ailleurs, 110 000 habitants de la province ont dû être relogés, d’après des chiffres communiqués par l’agence de presse officielle Chine nouvelle.

Lampadaires engloutis

PHOTO AGENCE FRANCE-PRESSE

À Qingyuan, une petite ville à une heure et demie de route au nord de Guangzhou, le fleuve Bei est bien plus haut que son niveau habituel.

À Qingyuan, une petite ville à une heure et demi de route au nord de Guangzhou, le fleuve Bei est bien plus haut que son niveau habituel, au point d’engloutir presque entièrement des lampadaires situés sur une rive piétonne désormais fermée au public par mesure de précaution.

Les précipitations se sont arrêtées dans l’après-midi, permettant une légère baisse du niveau d’eau et la venue dans la soirée de curieux au bord du fleuve, alors que les températures sont très douces en soirée.

Li Yan, 52 ans, est venu avec un ami en scooter électrique pour fumer une cigarette, regarder le fleuve et discuter.

Il n’est pas inquiet des nouvelles précipitations annoncées ces prochains jours. « Si j’ai peur ? Non, là où j’habite on ne risque rien. Les gens d’ici ont l’habitude des inondations et l’eau était déjà plus haute dans le passé », explique-t-il. « Certaines zones en aval sont plus touchées, en revanche ».

Il entame ensuite une conversation vidéo sur son téléphone avec un ami, bloqué chez lui sur une petite île située sur le fleuve où ce dernier habite.

« Je suis coincé car la navigation sur le fleuve est interdite à cause des inondations », lui raconte son ami, « mais bon, j’avais prévu des provisions donc ce n’est pas bien grave ».

Un navire coule

À Foshan, une ville située à proximité de Guangzhou, un navire a percuté un pont, a rapporté mardi Chine nouvelle, citant les autorités locales.  

Cet incident, sans doute une conséquence des inondations selon l’agence, a précipité dans l’eau l’équipage du bateau.

Sept personnes ont été secourues mais quatre restent portées disparues, d’après Chine nouvelle.

Le pays fait face ces derniers mois à des conditions météorologiques extrêmes, exacerbées par le changement climatique, provoqué par les gaz à effet de serre émis par l’homme, selon les scientifiques.

En Chine, « les inondations et les sécheresses ont augmenté de manière significative », a affirmé à la radio d’État Yin Zhijie, un prévisionniste du ministère chinois des Ressources en eau, inquiet d’une « intensification du réchauffement climatique ».

Certaines parties du Guangdong n’avaient pas connu d’inondations aussi graves à cette période de l’année depuis 1954, d’après la radio d’État chinoise.

L’Asie a été « la région du monde la plus touchée par les catastrophes » liées à la météo en 2023, a indiqué mardi l’ONU.