(Manille) Une vague de chaleur extrême en Asie du Sud-est a entraîné la fermeture de milliers d’écoles aux Philippines, confiné les Thaïlandais chez eux et poussé des fidèles musulmans à prier pour la pluie au Bangladesh.  

Avril est considéré comme l’un des mois les plus chauds dans ces pays, mais cette année, la canicule est exacerbée par le phénomène climatique El Niño, qui provoque des poussées du mercure proches des records.

En Asie, l’impact des vagues de chaleur devient de plus en plus sévère, a souligné l’Organisation météorologique mondiale (OMM) mardi dans un communiqué. L’année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée dans le monde.  

Mercredi les autorités des Philippines ont déconseillé à la population de s’aventurer à l’extérieur.

« Il fait si chaud qu’on ne peut pas respirer », témoigne Erlin Tumaron, 60 ans, qui travaille dans une station balnéaire du nord des Philippines, où la température ressentie a atteint mardi 47 degrés Celsius.  

Les températures ressenties-prenant en compte, outre la température, différents facteurs météorologiques, comme le vent ou l’humidité-devaient atteindre 42 °C ou plus mercredi dans au moins 30 villes et municipalités des Philippines.

PHOTO TED ALJIBE, AGENCE FRANCE-PRESSE

Manille, capitale des Philippines, le 24 avril 2024

Le ministère de l’Éducation a précisé que près de 6700 établissements scolaires avaient suspendu leurs cours en présentiel mercredi.

Travailleurs au bord de l’évanouissement

En Thaïlande, des millions d’habitants de la capitale Bangkok ont été priés de rester chez eux mercredi, en raison d’un indice de chaleur jugé « extrêmement dangereux ».  

« Veuillez vous abstenir de passer du temps dehors », a alerté la municipalité de Bangkok (BMA) sur Facebook.

L’institut météorologique national prévoit une chaleur atteignant 39 °C mercredi dans la capitale.

Dans cette métropole de dix millions d’habitants et haut-lieu du tourisme mondial, les températures pourraient encore grimper ces prochains jours.

Les travailleurs contraints de rester dehors, comme les livreurs à scooter ou les vendeurs de nourriture, essayent de rester à l’ombre et de boire pour tenir dans ces conditions, aggravées par la pollution atmosphérique.

« Parfois, je me sens étourdie, mais pas au point de m’évanouir », explique Buppha Nakhin, qui vend des boulettes de viande grillée, sur un trottoir du centre de Bangkok.

« J’ai l’impression que je vais m’évanouir quand je travaille dehors, mais je n’ai pas le choix », renchérit Boonsri Waenkaew, moto-taxi.

Prier pour la pluie

Au Bangladesh, des milliers de fidèles musulmans ont décidé de prier pour la pluie mercredi dans les mosquées et les campagnes du pays, où les écoles ont été fermées jusqu’à la fin du mois.

PHOTO MOHAMMAD PONIR HOSSAIN, REUTERS

Dhaka, au Bangladesh, le 23 avril 2024

« Prier pour la pluie est une tradition de notre prophète », a dit à l’AFP Muhammad Abu Yusuf, un imam, après sa prière matinale devant un millier de fidèles dans le centre de Dacca.  

« La vie est devenue insupportable à cause du manque de pluie », a-t-il souligné. « Les pauvres souffrent énormément ».  

Les températures ont atteint plus de 42 °C la semaine dernière dans ce pays. Selon les services météorologiques, les températures maximales moyennes dans la capitale Dacca cette semaine ont été de 4 à 5 degrés Celsius supérieures à la moyenne des 30 dernières années sur la même période.  

« Ce mois d’avril a été l’un des plus chauds depuis l’indépendance » en 1971, a précisé à l’AFP Tariful Newaz Kabir, un météorologue.  

Les hôpitaux du district côtier méridional de Patuakhali ont signalé des épidémies locales de diarrhée dues à la hausse des températures et à la salinité accrue des sources d’eau locales, a confié à l’AFP le médecin de l’État, Bhupen Chandra Mondal.  

« Le nombre des patients diarrhéiques est très élevé cette année », a-t-il poursuivi, en concluant que « tout cela est lié au changement climatique ».