(Genève) La Birmanie a « profondément régressé » depuis le coup d’État de la junte militaire il y a deux ans, a dénoncé vendredi le Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk.

« Dans tous les domaines des droits de l’homme – économiques, sociaux et culturels, autant que civils et politiques –, la Birmanie a profondément régressé », a dit M. Türk, cité dans un communiqué publié quelques jours avant le coup d’État du 1er février 2021.

« Loin d’être épargnés, les civils ont été les véritables cibles des attaques – victimes de tirs de barrage d’artillerie et de frappes aériennes ciblées et aveugles, d’exécutions extrajudiciaires, du recours à la torture et de l’incendie de villages entiers », a dénoncé Volker Türk, qui tient à « souligner le courage de tous ceux dont la vie a été perdue dans la lutte pour la liberté et la dignité » en Birmanie.

Le Haut-Commissariat indique que, selon des sources crédibles, au moins 2890 personnes sont mortes aux mains des militaires et autres personnes impliquées dans la répression.

Parmi elles, quelques 767 personnes sont décédées au cours de leur arrestation.

« Il s’agit presque certainement d’une sous-estimation du nombre de civils tués à la suite d’une action militaire », précise le Haut-Commissariat, qui ajoute que 1,2 million de personnes supplémentaires ont été déplacées à l’intérieur du pays et que plus de 70 000 l’ont quitté.

Elles viennent rejoindre plus d’un million d’autres, y compris la majeure partie de la communauté rohingya, de confession musulmane, qui a fui les persécutions et les attaques au cours des dernières décennies.  

Plus de 16 000 personnes ont aussi été arrêtées – dont les dirigeants démocratiquement élus – dont la plupart font face à « des accusations spécieuses devant des tribunaux contrôlés par l’armée, en violation flagrante du droit à une procédure régulière et à un procès équitable ».

Les services de M. Türk jugent aussi que sur la base d’informations crédibles, plus de 34 000 infrastructures civiles, dont des maisons, des cliniques, des écoles et des lieux de culte, « ont été incendiées au cours des deux dernières années ».

M. Türk accuse la junte de dédaigner le plan en cinq points agréés par les membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean).

« Deux des conditions essentielles convenues – cesser toute violence et permettre l’accès humanitaire – n’ont pas été remplies », souligne le Haut-Commissaire.  

« En fait, nous avons vu le contraire. La violence est devenue incontrôlable et l’accès humanitaire a été sévèrement restreint », a encore souligné M. Türk.