(La Haye) La Cour pénale internationale (CPI) a déclaré jeudi avoir autorisé son procureur à rouvrir l’enquête aux Philippines sur la guerre antidrogue menée par le gouvernement de Rodrigo Duterte, marquée par des milliers de meurtres.

Les juges de la CPI, basée à La Haye (Pays-Bas), avaient autorisé en septembre 2021 une enquête sur cette guerre antidrogue marquée par des milliers de meurtres commis par les forces de l’ordre, pouvant constituer, selon les juges, des crimes contre l’humanité.

L’enquête avait été suspendue en novembre 2021 à la suite d’une requête de Manille, affirmant que le gouvernement philippin enquêtait lui-même sur les crimes contre l’humanité présumés commis pendant la guerre contre la drogue.

En juin 2022, le procureur de la CPI avait demandé la réouverture de l’enquête, à quelques jours du départ du pouvoir de Rodrigo Duterte, après six ans marqués par sa guerre sanglante contre la drogue.

« Après une analyse minutieuse des documents fournis par les Philippines, la Chambre n’est pas convaincue que les Philippines mènent des enquêtes pertinentes qui justifieraient un report des enquêtes de la Cour », a déclaré la CPI dans un communiqué jeudi.

Rodrigo Duterte avait été élu président en 2016 après une campagne sécuritaire outrancière, promettant d’éradiquer le trafic de drogue aux Philippines en faisant abattre des milliers de délinquants.

Au moins 6181 personnes ont été tuées lors de plus de 200 000 opérations antidrogue menées depuis juillet 2016, selon les dernières données officielles publiées par les Philippines. Les procureurs de la CPI estiment le nombre de morts entre 12 000 et 30 000.

Manille s’était retirée de la CPI en 2019, mais la cour assure que la juridiction reste compétente concernant des crimes commis lorsque le pays en était encore membre.