(New Delhi) Des dizaines d’activistes et de militants ont participé vendredi à New Delhi à une veillée aux chandelles à la mémoire de Jyoti Singh, victime d’un viol collectif d’une brutalité inouïe dans un bus de la capitale indienne, il y a tout juste 10 ans.  

Le meurtre de cette jeune femme avait horrifié l’Inde et le monde, illustrant les violences sexuelles subies par des dizaines de milliers de femmes chaque année dans ce pays.  

La foule participant à la veillée, dirigée par les parents de Singh, Asha Devi et Badrinath Singh, a rendu un hommage silencieux à la victime et a demandé justice pour les familles des autres victimes de viol.  

« Rien n’a changé au cours des 10 dernières années. Je n’ai pas cessé d’élever ma voix contre le crime visant les femmes, mais les choses ne se sont pas améliorées », a déclaré Devi, 57 ans, aux journalistes.   

« Des petites filles sont violées. Comment peut-on dire que les choses ont changé […] Les choses n’ont changé que sur le papier. »

L’Inde a enregistré 31 677 cas de viol en 2021, soit une moyenne environ de 86 par jour, selon le dernier rapport gouvernemental sur la criminalité.  

Selon des chiffres du gouvernement, 24 923 cas de viols ont été enregistrés l’année où Singh a succombé à des blessures internes causées par une barre de fer, après 13 jours de calvaire, dans un hôpital de Singapour où elle venait d’être transférée.  

Cette jeune femme de 23 ans, étudiante en kinésithérapie et son ami Awindra Pratap Pandey rentraient du cinéma dans la soirée du 16 décembre 2012, quand ils sont montés dans un bus croyant qu’il les conduirait à bon port.  

Mais le chauffeur du bus et ses cinq complices, dont un adolescent de 17 ans, les embarquaient pour l’horreur. Awindra a été sauvagement battu, et Jyoti violée par les six assaillants et torturée avec une extrême cruauté.  

Puis les agresseurs se sont débarrassés des deux victimes ensanglantées, jetées depuis le bus sur le bas-côté de la route, dans la capitale de 20 millions d’habitants.  

Singh a survécu assez longtemps pour identifier ses six agresseurs. Cinq adultes et un mineur ont été inculpés de 13 infractions deux mois plus tard, et quatre hommes ont été pendus en 2020.   

Le principal accusé a été retrouvé mort dans sa cellule de prison un mois après avoir été inculpé, les autorités soupçonnant un suicide tandis que sa famille et son avocat ont affirmé qu’il a été assassiné.  

Jyoti, surnommée « Nirbhaya » (« sans peur ») par la presse indienne, est devenue un symbole de l’échec du pays socialement conservateur à lutter contre les violences sexuelles faites aux femmes.  

Sa mort a déclenché d’importantes manifestations et forcé le gouvernement a adopté des peines plus sévères pour les violeurs et la peine de mort pour les récidivistes.