(Colombo) La police srilankaise a dispersé samedi à Colombo des centaines de manifestants étudiants, tous les mouvements de protestation à proximité des principales institutions, dont la présidence, et des domiciles des hauts responsables de l’armée, ayant été interdits la veille par le président Ranil Wickremesinghe.

Les policiers en tenue antiémeute ont arrêté le défilé des étudiants quelques heures après que le gouvernement eut déclaré le centre-ville « zone de haute sécurité », interdisant les manifestations dans les environs.

Les policiers ont tiré des gaz lacrymogènes et utilisé des canons à eau pour disperser les manifestants qui demandaient la libération des militants arrêtés et détenus en vertu de lois antiterroristes draconiennes.

PHOTO ISHARA S. KODIKARA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Un policier trébuche alors qu’une brigade antiémeute mène la charge.

Selon des témoins, des dizaines de manifestants ont été arrêtés au cours de ce rassemblement.

Le président Ranil Wickremesinghe a adopté une ligne très dure à l’encontre des militants qui ont forcé son prédécesseur, le président déchu Gotabaya Rajapaksa, à fuir à l’étranger et à démissionner de son poste sous la pression des manifestations dans un contexte de chaos économique.

Le barreau srilankais, très influent dans le pays, a condamné l’interdiction de manifester, estimant qu’elle compromettait gravement les libertés d’expression et de rassemblement.

L’édit vise « à restreindre d’une manière significative les libertés des citoyens, sans aucun fondement raisonnable ou légal », a déclaré l’ordre des avocats.

Le pays de 22 millions d’habitants a été secoué pendant des mois par une crise économique historique, marquée par de sévères pénuries de nourriture, carburant et médicaments, faute de devises pour financer les importations de produits essentiels.

Au plus fort du mouvement de contestation, des milliers de manifestants ont pris d’assaut en juillet la résidence officielle de Gotabaya Rajapaksa, l’obligeant à se réfugier à l’étranger d’où il a annoncé sa démission.

Peu après la prise du pouvoir par M. Wickremesinghe, l’armée a démantelé un site occupé par les manifestants devant la présidence et arrêté des centaines de personnes ayant pris part aux manifestations.

Selon la police, trois dirigeants de mouvements étudiants ont été détenus en vertu des lois antiterroristes, les autres personnes arrêtées ayant été libérées sous caution.

M. Rajapaksa est rentré début septembre au Sri Lanka, et vit depuis sous la protection du gouvernement, alors que des opposants ont réclamé sa comparution en justice pour les crimes commis pendant l’interminable guerre civile au Sri Lanka et des faits de corruption à l’époque où il était au pouvoir.