(Pékin) Xi Jinping et Vladimir Poutine se rencontreront la semaine prochaine en Ouzbékistan en marge d’un sommet régional, a assuré mercredi la diplomatie russe, un premier déplacement à l’étranger pour le président chinois depuis début 2020.

« Dans moins de 10 jours, une nouvelle rencontre de nos dirigeants aura lieu au sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai » (OCS), a déclaré l’ambassadeur russe en Chine, Andreï Denissov, selon des propos transmis à l’AFP par son ambassade.

Il a ajouté que les deux présidents « ont beaucoup de choses à se dire, tant sur les questions bilatérales que sur les problèmes internationaux ».

Le sommet de l’OCS aura lieu les 15 et 16 septembre dans la ville de Samarcande (Sud-Est de l’Ouzbékistan), riche en monuments historiques et installée sur l’ancienne Route de la soie.

Cette organisation, bâtie comme un contrepoids à l’influence occidentale, regroupe la Chine, la Russie, quatre États d’Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan et Tadjikistan) ainsi que l’Inde et le Pakistan.

« Ce sommet promet d’être intéressant, car ce sera le premier vrai (en présentiel, NDLR) sommet depuis la pandémie », a relevé Andreï Denissov, diplomate expérimenté et spécialiste de la Chine.

Interrogée sur les déclarations de l’ambassadeur russe, Mao Ning, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a indiqué mercredi lors d’un point presse régulier n’avoir « aucune information à fournir ».

« Les chefs d’État chinois et russe maintiennent des relations étroites par divers moyens », s’est ensuite borné à indiquer le ministère dans un communiqué transmis à l’AFP.

Pékin ne confirme en général les déplacements de ses dirigeants qu’à la dernière minute.

« Impossible »

Xi Jinping n’est plus sorti de son pays depuis une visite d’État en Birmanie en janvier 2020, au tout début de la pandémie de COVID-19.

Depuis, le pays maintient une stricte politique sanitaire, avec quarantaine obligatoire pour toute arrivée depuis l’étranger et confinements de quartiers ou de villes parfois dès l’apparition de quelques cas.

Xi Jinping et Vladimir Poutine s’étaient vus début février à Pékin, à l’occasion de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’hiver, trois semaines avant le début de l’offensive russe en Ukraine le 24 février.  

Moscou et Pékin avaient alors signé une déclaration commune appelant à une « nouvelle ère » dans les relations internationales.  

Le texte plaidait également pour la fin de l’hégémonie américaine et dénonçait l’impact des alliances militaires occidentales, l’OTAN et l’Aukus (Australie, Royaume-Uni et États-Unis).  

Depuis l’assaut russe en Ukraine, la Chine a affiché son soutien à la Russie, frappée par les sanctions occidentales. En quête de soutien, de débouchés et de fournisseurs, Moscou dit de son côté se tourner vers l’Asie.

Vladimir Poutine a ainsi salué mercredi le « rôle croissant » de la région Asie-Pacifique dans les affaires du monde face à un Occident en déclin. Le président russe a jugé « impossible » d’isoler la Russie.

Vladivostok

Il s’exprimait lors d’un forum économique à Vladivostok (Extrême-Orient russe), auquel participaient plusieurs hauts responsables asiatiques dont le troisième plus haut dirigeant chinois, Li Zhanshu.

C’est le plus haut responsable chinois à se rendre en Russie depuis le début de l’offensive russe en Ukraine.  

Après la Russie, Li Zhanshu, 72 ans, se rendra en Mongolie, au Népal et en Corée du Sud, selon l’agence officielle Chine nouvelle.  

Pékin et Moscou se sont rapprochés au cours des dernières années, intensifiant leurs relations pour faire contrepoids aux États-Unis.  La Chine refuse par exemple de condamner l’action militaire russe en Ukraine et a critiqué les sanctions occidentales.

Ce déplacement présumé de Xi Jinping est annoncé à quelques semaines du 20e Congrès du Parti communiste chinois (PCC), un évènement politique majeur organisé tous les cinq ans à Pékin.

Cette réunion s’ouvrira le 16 octobre. Elle devrait permettre au président chinois d’obtenir un inédit troisième mandat de secrétaire général de l’organisation politique qui gouverne la Chine.

Xi Jinping avait effectué fin juin sa première visite hors de Chine continentale depuis plus de deux ans, pour se rendre quelques heures à Hong Kong, territoire semi-autonome du Sud du pays.

Il avait alors assisté au 25e anniversaire de la rétrocession à la Chine de l’ex-colonie britannique.