(Tokyo) Le Japon organisera le 27 septembre à Tokyo un hommage national pour son ancien premier ministre Shinzo Abe, assassiné il y a deux semaines, a annoncé vendredi le porte-parole du gouvernement nippon.

L’évènement se tiendra au Nippon Budokan, haut lieu de compétitions d’arts martiaux, mais aussi de concerts et de cérémonies officielles, comme celles organisées chaque 15 août pour commémorer la reddition du Japon en 1945 et ses morts durant la Seconde Guerre mondiale.

Le Nippon Budokan avait aussi accueilli les dernières funérailles nationales organisées en 1967 pour un ancien premier ministre japonais, Shigeru Yoshida, grand artisan de la renaissance du Japon dans l’après-guerre.

Le porte-parole du gouvernement Hirokazu Matsuno a de nouveau insisté vendredi sur le fait que Shinzo Abe méritait cet hommage national, de par son record de longévité au pouvoir (près de 9 ans sur deux mandats), son bilan « digne d’éloges » et les liens étroits qu’il avait noués avec des chefs d’État étrangers.

« Nous accepterons aussi des dignitaires étrangers, et les pays avec lesquels nous avons des relations diplomatiques seront informés des détails », a ajouté M. Matsuno.

M. Abe a été assassiné par balles le 8 juillet à Nara (ouest du Japon) alors qu’il prononçait un bref discours électoral en pleine rue. Le tireur présumé, Tetsuya Yamagami, avait été aussitôt interpellé.

Selon les médias locaux, le suspect a expliqué aux enquêteurs avoir délibérément visé M. Abe pour les liens que ce dernier entretenait selon lui avec l’Église de l’Unification, un mouvement religieux connu aussi sous le nom de « secte Moon ».

La mère de M. Yamagami appartient à cette Église et lui aurait fait d’importants dons par le passé ayant précipité leur famille dans de graves difficultés financières, selon son fils.

Un projet controversé

Des obsèques privées de M. Abe ont déjà eu lieu peu après sa mort dans un temple bouddhiste de Tokyo. Des milliers de gens lui avaient rendu hommage à proximité du temple, ou au passage de son corbillard devant des institutions politiques de la capitale.

La cérémonie nationale pour M. Abe sera « non confessionnelle, simple et sobre » et son budget n’a pas encore été fixé, a encore précisé vendredi M. Matsuno.

Annoncé vendredi dernier par le premier ministre en exercice Fumio Kishida, chef du Parti libéral-démocrate (PLD, droite nationaliste) comme Shinzo Abe avant lui, ce projet a été mal accueilli par des partis d’opposition, s’interrogeant sur le bien-fondé de dépenser ainsi l’argent du contribuable.

Un groupe de citoyens a même porté ce débat sur le terrain judiciaire, réclamant une injonction d’un tribunal de Tokyo pour empêcher ces funérailles nationales.

Le gouvernement s’est toutefois défendu de toute arrière-pensée politique derrière cet évènement.  

Après sa démission à l’été 2020 pour des raisons de santé, M. Abe était resté très influent au sein du PLD en tant que chef de facto de sa principale faction parlementaire.  

Mais il était loin de faire l’unanimité au Japon, avec ses vues ultranationalistes et son parcours politique émaillé de nombreux scandales de clientélisme.