Un cardinal et une pop star pro-démocratie à Hong Kong, arrêtés mercredi ainsi qu’un universitaire en vertu de la loi sur la sécurité nationale, ont été libérés sous caution, a annoncé un média local alors que Washington et le Vatican avaient exprimé leur préoccupation.

Le cardinal à la retraite Joseph Zen, 90 ans, un des plus hauts ecclésiastiques catholiques de la métropole financière, est apparu saluant les journalistes sur une vidéo postée sur Twitter, au moment où il quittait un poste de police du quartier de Chai Wan.

La chanteuse canadienne Denise Ho, militante des droits LGBTQ+ arrêtée en même temps que lui, a également été libérée sous caution, selon un média local.

Les États-Unis avaient exhorté la Chine et Hong Kong à « libérer immédiatement (les militants) détenus injustement et inculpés, comme le cardinal Joseph Zen », par une déclaration mercredi de Karine Jean-Pierre, porte-parole adjointe de la Maison-Blanche, lors d’un point presse.  

Ces personnalités très en vue, ainsi que l’universitaire Hui Po-keung, également arrêté mercredi, ont en commun d’avoir participé à la gestion d’un fonds-aujourd’hui dissous-destiné à financer la défense des militants interpellés lors des grandes manifestations pro-démocratie qui ont secoué l’ancienne colonie britannique en 2019.  

Ancien évêque de Hong Kong où vivent 400 000 catholiques, le cardinal Zen est connu pour ne pas mâcher ses mots et pour son inlassable défense des libertés politiques et des réformes démocratiques.

« Préoccupation » du Vatican

Dans un communiqué publié mercredi soir, le Saint-Siège avait indiqué avoir « appris avec préoccupation la nouvelle de l’arrestation du cardinal Zen et suivre l’évolution de la situation avec une extrême attention ».

Le prélat s’est toujours élevé contre tout accord entre l’Église catholique et Pékin sur la nomination des évêques chinois, estimant qu’il s’agirait d’une trahison à l’égard des membres persécutés de l’Église non officielle en Chine.

Le Vatican et la Chine n’entretiennent plus de relations diplomatiques depuis 1951 mais un accord « provisoire » historique avait été signé en septembre 2018 avec Pékin sur la nomination d’évêques.

« Pendant des décennies, le gouvernement [chinois] leur a rendu la vie dure mais ils sont restés loyaux vis-à-vis de Rome et du pape. Et maintenant on leur demande de se rendre ? », avait-il déploré dans un entretien à l’AFP en 2018.

« Collusion avec des forces étrangères »

Hui Po-keung s’apprêtait de son côté à rejoindre l’Europe pour un poste universitaire avant d’être arrêté mardi, ont par ailleurs indiqué les deux sources, demandant à garder l’anonymat.

M. Hui a été arrêté pour « collusion avec des forces étrangères », selon une source, ce qui est puni par la loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin à Hong Kong en 2020 en réponse aux immenses manifestations de l’année précédente.

Cette loi a écrasé toute dissidence dans ce centre d’affaires asiatique où l’expression était autrefois libre.

M. Hui était l’un des six administrateurs du « 612 Humanitarian Relief Fund », qui aidait les manifestants arrêtés à payer leurs frais juridiques et médicaux.

Parmi les autres administrateurs figuraient l’avocate Margaret Ng ainsi que la militante pro-démocratie aujourd’hui derrière les barreaux Cyd Ho.

Le fonds a été démantelé l’an dernier après que la police chargée de la sécurité nationale a réclamé l’accès aux informations concernant ses donateurs et ses bénéficiaires.

Peu avant la fermeture du fonds, l’université Lingnan de Hong Kong, où M. Hui a enseigné pendant plus de vingt ans, avait confirmé la fin de son contrat de professeur, refusant d’en donner les raisons.

Les universitaires qui ont joué un rôle important dans le mouvement pro-démocratie de Hong Kong ont souvent perdu leur poste à l’université et peinent à trouver du travail.