(Taipei) Les États-Unis devraient reconnaître Taïwan comme « pays libre et souverain », a estimé l’ancien secrétaire d’État américain Mike Pompeo dans un discours lors de sa visite de l’île.

M. Pompeo, chef de la diplomatie américaine sous la présidence de Donald Trump et considéré comme un faucon à l’égard de la Chine, est arrivé mercredi pour une visite qui intervient à un moment où les tensions entre Washington et Pékin s’accroissent au sujet de l’île autogouvernée.

Avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la situation de Taïwan, territoire revendiqué par Pékin, qui a promis de le récupérer, par la force si nécessaire, était particulièrement surveillée.

Une invasion chinoise de Taïwan dépendrait de « la volonté de l’Occident de montrer que le coût pour (le président chinois) Xi Jinping de s’engager dans ce type d’opération est simplement trop élevé », a expliqué M. Pompeo à la presse.

Si Washington doit continuer à dialoguer avec Pékin en tant que gouvernement souverain, offrir à Taipei une reconnaissance diplomatique « ne peut plus être ignoré, évité ou traité comme secondaire », a déclaré M. Pompeo dans un discours un peu plus tôt devant un groupe de réflexion local.

« Je suis d’avis que le gouvernement des États-Unis devrait immédiatement prendre les mesures nécessaires et attendues depuis longtemps pour faire ce qui est juste et évident, c’est-à-dire offrir à la République de Chine », le nom officiel de Taïwan, « la reconnaissance diplomatique des États-Unis en tant que pays libre et souverain », a-t-il insisté.

Interrogé par l’AFP, le département d’État américain a refusé de « commenter les déplacements ou déclarations d’un citoyen ».

Washington demeure le plus important allié et fournisseur d’armes de Taïwan bien que reconnaissant diplomatiquement Pékin et non plus Taipei depuis 1979.

Mais pour M. Pompeo, avec cette décision, il ne s’agit « pas de l’indépendance future de Taïwan, mais de la reconnaissance d’une réalité indubitable et déjà existante ».  

Pékin a déjà averti qu’une déclaration formelle d’indépendance pourrait conduire à une guerre.

L’actuelle présidente de TaïwanTsai Ing-wen, qui a gagné deux fois les élections, vient d’un parti historiquement en faveur d’une indépendance, mais elle nuance délibérément sa propre position.

Elle estime qu’il n’est pas besoin de déclarer l’indépendance, considérant déjà Taïwan comme un pays souverain appelé République de Chine (Taïwan).

M. Pompeo a repris cet argument dans son discours.

« Comme beaucoup de vos dirigeants passés et présents l’ont clairement indiqué, il n’y a pas besoin pour Taïwan de déclarer son indépendance, car c’est déjà une nation indépendante. Son nom est la République de Chine (Taïwan) », a-t-il déclaré.

« Le peuple et le gouvernement des États-Unis devraient simplement accepter cette chose […] moralement juste. C’est facile. Le peuple taïwanais mérite le respect du monde entier pour avoir poursuivi sur cette voie libre, démocratique et souveraine ».   

Pékin a balayé ces propos en qualifiant M. Pompeo d’« ancien responsable politique qui a perdu toute crédibilité ».

« Les délires et les absurdités de ce genre de personnes ne prévaudront jamais », a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, aux journalistes lors d’un point de presse.

Mme Tsai a remis jeudi une médaille à M. Pompeo et l’a salué pour avoir facilité de « nombreuses avancées » dans les relations entre Taïwan et les États-Unis, en levant notamment les restrictions sur les contacts officiels entre les deux pays.