(Genève) Les États-Unis ont contesté jeudi les accusations de la Chine qui estime que le projet de doter leur allié australien de sous-marins à propulsion nucléaire viole le Traité de non-prolifération (TNP), le présentant au contraire comme un programme aux garde-fous exemplaires.

Il n’y a rien dans le Traité de non-prolifération « qui interdise ce programme que l’Australie veut conclure avec les États-Unis et le Royaume-Uni », a expliqué un responsable du Département d’État, ayant requis l’anonymat, lors d’un point-presse.

L’Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni ont conclu en octobre un accord de défense (AUKUS) qui prévoit que la marine australienne s’équipe de sous-marins à propulsion nucléaire.

Le Brésil veut également se doter d’un sous-marin propulsé par une chaudière nucléaire.

À l’heure actuelle, seules les nations qui sont dotées de l’arme nucléaire disposent de sous-marins de ce type.  

L’accord AUKUS avait entraîné la rupture spectaculaire d’un contrat franco-australien sur des sous-marins à propulsion classique.

La Chine pour sa part avait qualifié AUKUS d’atteinte « extrêmement irresponsable » à la stabilité de la région.

Le responsable américain a assuré que cet accord sans précédent « était précisément la raison pour laquelle l’Australie et le Royaume-Uni sont bien décidés à s’assurer que (ce projet) crée des garde-fous exemplaires ».

« Le monde peut être certain qu’il n’y aura aucun détournement d’uranium en faveur d’un programme d’armement », a-t-il souligné, soulignant que l’Australie avait l’intention d’équiper ses sous-marins d’armes conventionnelles et non pas nucléaires, et qu’elle « ne construira aucune infrastructure nucléaire sur son sol qui pourrait contribuer à fabriquer une arme ».

Pour autant, a-t-il reconnu, cela ne dissuadera pas la Chine d’évoquer le sujet lors de la prochaine Conférence d’examen du TNP à New York le mois prochain.

« Je m’attends à ce que la Chine soulève la question d’AUKUS à tout moment… quel que soit le sujet discuté », a souligné le responsable américain, laissant entendre que Pékin pourrait ainsi faire diversion sur son propre programme nucléaire.

Un récent rapport du Pentagone estimait que la Chine développait son arsenal nucléaire beaucoup plus vite que prévu, qu’elle pouvait déjà lancer des missiles balistiques armés de têtes nucléaires depuis la terre, la mer et les airs et pourrait disposer de 700 têtes nucléaires d’ici à 2027.

Pékin a fustigé une « manipulation » des États-Unis.

Le responsable américain a estimé qu’il était peu probable qu’AUKUS pèse sur les résultats de la convention d’examen, la première depuis 2015.

Les États-Unis, a-t-il expliqué, espèrent que la conférence va notamment permettre d’élargir la définition de risque nucléaire.