(Jakarta) Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a entamé lundi sa première tournée en Asie du Sud-Est, avec une première étape à Jakarta qui s’est faite en parallèle avec la visite d’un haut responsable russe.

Le président indonésien Joko Widodo a reçu le secrétaire d’État américain pour un entretien au palais présidentiel, et a ensuite accueilli Nikolaï Patrouchev, chef du Conseil de sécurité russe, un proche du président russe Vladimir Poutine, ont indiqué les autorités indonésiennes.

Antony Blinken doit prononcer mardi un discours sur « l’approche des États-Unis pour l’Indopacifique », une politique au cœur de la stratégie américaine face à la Chine.

Lors de sa rencontre avec le président indonésien Joko Widodo, le ministre américain a « exprimé son soutien au leadership de l’Indonésie dans l’Indopacifique en tant que troisième plus grande démocratie au monde et promoteur déterminé de l’ordre international fondé sur des règles », selon un communiqué du département d’État américain.

La discussion a « été chaleureuse et ouverte », a souligné la ministre des Affaires étrangères indonésienne Retno Marsudi, qui a souligné le souhait de l’Indonésie de voir les États-Unis renforcer leurs investissements et localiser des entreprises dans le pays d’Asie du Sud-Est.

Arrivé du Royaume-Uni où il avait participé à une réunion avec ses homologues du G7 consacrée essentiellement aux tensions avec la Russie, Antony Blinken veut remettre l’accent sur cette région, censée être la priorité de la politique étrangère du président américain Joe Biden, qui ne cesse toutefois d’être accaparé par d’autres crises, avec Moscou, mais aussi l’Afghanistan ou l’Iran.

Les Russes reçus en parallèle

La ministre des Affaires étrangères indonésienne a souligné après les deux rencontres parallèles la volonté de l’Indonésie, pays d’origine du mouvement des « non alignés », de cultiver de bonnes relations avec l’ensemble de ses partenaires.  

« Je veux souligner que les États-Unis comme la Russie sont de bons partenaires pour l’Indonésie », qui voudra « toujours développer une confiance stratégique avec tous les pays et les partenaires de l’Indonésie », a-t-elle déclaré dans un point de presse vidéo.

Nicolas Patrouchev a exprimé la volonté de Moscou de préserver « l’architecture de sécurité dans la région Asie-Pacifique », selon un communiqué de l’ambassade russe à Jakarta.

La stratégie du gouvernement américain démocrate ne diffère pas fondamentalement de celle en vigueur sous l’ex-président républicain Donald Trump (2017-2021) : il s’agit d’insister pour que cette région, menacée selon Washington par les « intimidations » de Pékin, demeure « libre et ouverte ».

L’équipe Biden tente de mettre davantage l’accent sur la force de ses alliances, non sans quelques couacs comme l’a montré l’affaire des sous-marins nucléaires promis à l’Australie, qui lui a valu la colère de la France pour avoir perdu un énorme contrat avec Canberra.

En Indonésie, puis en Malaisie et en Thaïlande, le secrétaire d’État américain va aborder « le renforcement de l’infrastructure régionale de sécurité en réponse au harcèlement de la République populaire de Chine en mer de Chine méridionale », a déclaré à des journalistes avant le départ son adjoint pour l’Asie-Pacifique, Daniel Kritenbrink.

« Nous nous opposons à tous les actes de la République populaire de Chine ou de tout autre acteur visant à déstabiliser la région » en contradiction avec le droit international, a-t-il ajouté, en défendant « la liberté de navigation et la liberté de survol ».

La région voit une montée des tensions en mer de Chine méridionale alors que Pékin revendique la quasi-totalité de cette zone clé pour les échanges commerciaux, également revendiquée par Brunei, la Malaisie, les Philippines, Taïwan et le Vietnam.

Antony Blinken a érigé l’ambition grandissante de la Chine sur la scène mondiale en « plus grand défi géopolitique du XXIe siècle » et recherche le bon équilibre entre compétition et confrontation.

Mais les relations sont extrêmement tendues, notamment, ces derniers temps, au sujet de Taïwan, dont les Américains vantent le modèle démocratique alors que Pékin considère l’île comme une de ses provinces appelées à revenir dans son giron.

Pendant sa visite en Asie du Sud-Est, le secrétaire d’État américain doit aussi évoquer la crise en Birmanie créée par le coup d’État militaire de février.