(Rangoun) Des militaires birmans ont foncé avec une voiture sur des manifestants prodémocratie dimanche à Rangoun, faisant au moins trois blessés, ont rapporté des témoins oculaires.

Malgré la sanglante répression contre les opposants à la junte militaire birmane qui a pris le pouvoir en février, de petites manifestations prodémocratie continuent d’avoir lieu régulièrement dans le pays.

Dimanche matin, un groupe s’est rassemblé pacifiquement dans une rue commerçante de Rangoun en brandissant une banderole avec le célèbre slogan « Se libérer de la peur » d’Aung San Suu Kyi, tout en scandant : « Rendez le pouvoir au peuple ».

PHOTO AGENCE FRANCE-PRESSE

Un journaliste (troisième à gauche) blessé lors de la manifestation reçoit de l’aide alors qu’un homme repose sur une civière.

Peu de temps plus tard, une voiture de grande taille a foncé sur les protestataires, heurtant plusieurs d’entre eux tandis que les autres se dispersaient, a rapporté un journaliste présent sur place.

« Ils ont accéléré en arrivant sur les manifestants, ils leur ont foncé dessus », a raconté ce journaliste sous le couvert de l’anonymat. « Puis les soldats ont sauté hors de la voiture et ont commencé à tirer », a-t-il poursuivi.

Un autre témoin a dit avoir vu un homme couvert de sang, apparemment dans un état grave. Lui et deux autres blessés, dont un journaliste birman qui couvrait la manifestation, ont été évacués en ambulance.

Selon ce témoin, les militaires ont également frappé trois personnes qui se trouvaient à terre après avoir été renversées par le véhicule. « Puis les soldats ont pointé leurs armes vers nous et ont ordonné à tous les passants de partir », a-t-il ajouté.

La télévision d’État, MRTV, a rapporté que les forces de sécurité « ont agi » contre les manifestants, sans pour autant faire mention de soldats utilisant leurs véhicules pour les heurter.

Elle a confirmé que trois personnes avaient été blessées – dont une grièvement – et que 11 avaient été arrêtées pour « avoir manifesté sans demander la permission ».

La Birmanie a sombré dans le chaos depuis le putsch du 1er février qui a mis fin à une transition démocratique de 10 ans. En dix mois, plus de 1300 civils ont été tués, selon une ONG locale, l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP), qui rapporte des cas de tortures et d’exécutions extrajudiciaires.

Les généraux ont justifié leur coup d’État en assurant avoir découvert des irrégularités lors des élections de novembre 2020, remportées massivement par la Ligue nationale pour la démocratie (LND) d’Aung San Suu Kyi.

Les observateurs internationaux ont pour leur part qualifié ce scrutin de « globalement libre et équitable ».

Le chef de la junte, Min Aung Hlaing, a menacé de dissoudre la LND et assuré que de nouvelles élections seront organisées d’ici août 2023.