(Taipei) Une visite de parlementaires américains à Taïwan, la deuxième de ce type en un mois dans cette île revendiquée par la Chine, a provoqué vendredi la colère de Pékin qui a manifesté sa « ferme opposition ».

En début de semaine, le président américain Joe Biden avait déjà fâché Pékin en invitant les autorités taïwanaises, mais pas la Chine, à un sommet virtuel pour la démocratie, qui réunira en décembre quelque 110 pays et territoires.

Non reconnu comme État indépendant par l’ONU, Taïwan compte 23 millions d’habitants et jouit d’un système politique démocratique.  

Ces dernières semaines, les passes d’armes se sont multipliées entre Pékin et Washington sur le sort du territoire.

« Lorsque la nouvelle de notre voyage a été annoncée hier, mon bureau a reçu un message ferme de l’ambassade de Chine, me demandant d’annuler le voyage », a écrit sur Twitter Elissa Slotkin, élue démocrate de la Chambre des représentants.

Nancy Mace, la seule républicaine membre de cette délégation, a annoncé jeudi soir son arrivée sur Twitter avec une photo d’elle accompagnée du message : « Je viens d’arriver dans la République de Taïwan ».

Ce choix de formulation est significatif, le nom officiel de Taïwan étant « République de Chine ». L’expression « République de Taïwan » est employée par les indépendantistes.

Afin de contrer toute velléité d’indépendance, Pékin s’efforce de maintenir Taipei isolé sur la scène internationale, notamment depuis l’arrivée au pouvoir en 2016 de la présidente Tsai Ing-wen, qui considère Taïwan comme une nation souveraine.

Seuls 15 pays reconnaissent officiellement Taipei.

Un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian, a exprimé vendredi lors d’un point presse régulier la « ferme opposition » de la Chine à cette visite de parlementaires qui « revient à soutenir les indépendantistes taïwanais ».

« Voilà mon conseil à destination de certaines personnes aux États-Unis : ne jouez pas la carte de Taïwan (contre la Chine). C’est vraiment une mauvaise pioche. Vous n’avez aucune chance de gagner. »

« Valeurs communes »

La délégation américaine, conduite par Mark Takano, président de la commission des Affaires des anciens combattants au sein de la Chambre des représentants, comprend Colin Allred et Sara Jacobs, ainsi que Mme Slotkin et Mme Mace.  

« Taïwan continuera à renforcer sa coopération avec les États-Unis afin de défendre nos valeurs communes de liberté et de démocratie, et d’assurer la paix et la stabilité dans la région », a déclaré vendredi la présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, lors de sa rencontre avec la délégation.

Taïwan, pays fournisseur essentiel de composants, est dirigé depuis 1945 par un régime rival de Pékin (la « République de Chine ») qui s’y était replié après la victoire des communistes en Chine continentale en 1949 à l’issue de la guerre civile chinoise.

La Chine (« République populaire de Chine ») considère l’île comme une partie de son territoire. Elle menace d’utiliser la force en cas de déclaration d’indépendance.