(Islamabad) Le premier ministre Imran Khan a annoncé lundi la levée complète du confinement entamé fin mars au Pakistan, alors qu’une étude publique montre que le nombre de malades du nouveau coronavirus pourrait être sans commune mesure avec les chiffres officiels.

« Je vous demande à tous de bien vouloir suivre les (mesures de sécurité), car nous ouvrons tout à condition qu’elles soient respectées », a déclaré M. Khan dans un discours télévisé.

Le Pakistan avait entamé début mai un déconfinement progressif, le gouvernement permettant la réouverture des marchés et des petits commerces, qui avaient été pris d’assaut à l’occasion de la fin du ramadan.

Imran Khan s’est depuis le début de la pandémie opposé à un confinement des villes qui, selon lui, permet de « sauver les gens du coronavirus, mais les fait mourir de faim ». Les provinces pakistanaises avaient toutefois pris fin mars des décisions contraires, aboutissant à une fermeture de fait du pays.

« Vous devez comprendre que ce coronavirus ne disparaîtra pas à moins qu’un vaccin ne soit découvert. Nous devons vivre avec le coronavirus. Le monde entier est arrivé à cette conclusion », a argumenté le premier ministre.

« Aujourd’hui, l’Amérique, le pays le plus riche du monde, où 100 000 personnes sont mortes du corona, a décidé elle aussi que son économie s’effondrerait si elle (poursuivait) son confinement », a-t-il ajouté.

Cette annonce intervient alors qu’un rapport des autorités du Pendjab, la province la plus peuplée du pays, a fuité dans les médias pakistanais. Ce rapport consulté par l’AFP estime à plus de 670 000 le nombre de malades dans la seule ville de Lahore (Est), aux plus de 11 millions d’habitants.

« Aucun lieu de travail et aucune zone résidentielle (de la région de Lahore) n’est exempt de maladie », pointe cette étude, qui évalue à 15 % la part de la population ayant la COVID-19 dans certaines parties de la ville.

Officiellement, le nombre de cas positifs au nouveau coronavirus n’est que de 72 000 dans l’ensemble du Pakistan, pays de plus de 200 millions d’habitants aux infrastructures sanitaires en déshérence et où le dépistage est très insuffisant.

La létalité de la maladie semble faible, quelque 1500 personnes en étant mortes à ce jour. Mais le nombre de décès s’est accéléré cette dernière semaine, battant trois jours consécutifs des records.