(Pékin) La Chine a autorisé pour un usage à grande échelle, jeudi, son premier vaccin contre la COVID-19 conçu sur son territoire, ajoutant un autre vaccin qui pourrait être utilisé dans les pays les plus pauvres au moment où la propagation du virus explose de nouveau à travers le monde.

Le vaccin Sinopharm avait déjà été administré à certains groupes comme des professionnels de la santé et des travailleurs essentiels, conformément aux directives d’utilisation d’urgence dans le cadre du programme chinois visant à vacciner 50 millions de personnes avant les vacances du Nouvel An lunaire en février. Mais le feu vert devrait permettre au vaccin d’être distribué plus largement dans le pays et rapprocher Pékin de la possibilité de l’expédier à l’étranger. Cela survient un jour après que les régulateurs britanniques eurent autorisé le vaccin d’AstraZeneca, peu coûteux et facile à manipuler.

L’évolution de ces deux vaccins est étroitement surveillée par les pays en développement, dont beaucoup n’ont pas été en mesure d’obtenir les doses de Pfizer et de Moderna achetées par les pays riches. Le ministre pakistanais de la Science a déclaré jeudi que son gouvernement achèterait 1,2 million de doses du vaccin Sinopharm, deux jours après que le bilan eut dépassé les 10 000 morts de la COVID-19 dans ce pays.

Le feu vert est venu un jour après que la société d’État a annoncé que les données préliminaires des essais de dernière étape avaient montré une efficacité du vaccin de 79,3 %. Cette annonce n’a pas précisé la taille du groupe témoin, le nombre de personnes vaccinées et à quel moment le taux d’efficacité avait été atteint après l’injection. Des experts ont souligné l’importance de rendre publiques les données des essais cliniques.

Les responsables ont déclaré que les normes pour le vaccin avaient été élaborées en « étroite coopération » avec l’Organisation mondiale de la santé. L’obtention de la soi-disant préqualification de l’OMS pourrait contribuer à rassurer le reste du monde sur la qualité des vaccins chinois, qui sont déjà confrontés à un problème de méfiance dans le pays. Cela ouvrirait également la voie à la distribution du vaccin dans le consortium mondial COVAX, et potentiellement dans des pays qui ne disposent pas de leurs propres agences de réglementation.

La Chine espère expédier ses vaccins dans le monde entier, animée par le désir de réparer les dommages à son image causés par la pandémie qui a débuté il y a un an dans la ville centrale de Wuhan.

Approbation conditionnelle

Techniquement, la Chine a accordé une approbation conditionnelle au vaccin, ce qui signifie que la recherche est toujours en cours. La société sera tenue de soumettre des données de suivi ainsi que des rapports sur tout effet indésirable après la vente du vaccin sur le marché, a indiqué en conférence de presse le commissaire adjoint de l’Administration nationale des produits médicaux, Chen Shifei. La preuve finale de son efficacité dépendra de la publication de données supplémentaires.

Sinopharm, qui a un autre projet en cours, est l’une des cinq sociétés chinoises, au moins, engagées dans une course mondiale en vue de la création de vaccins contre le virus qui a tué plus de 1,8 million de personnes.

Bien que les vaccins de Pfizer et de Moderna aient été accueillis en grande pompe en Occident, leurs doses doivent être stockées à des températures très froides, ce qui complique la distribution.

Le vaccin de Sinopharm, comme celui d’AstraZeneca, pourrait être plus facile à manipuler, car les doses peuvent être conservées à des températures normales de réfrigérateur.

Les responsables chinois ont refusé de préciser un prix pour le vaccin et ont fait des déclarations contradictoires à ce sujet. Un responsable a affirmé que ce serait abordable pour le public chinois, mais un autre est intervenu pour préciser que ce serait gratuit. Le président Xi Jinping avait déjà promis de faire don au monde d’un vaccin fabriqué en Chine en tant que bien public.

Le vaccin de Sinopharm a déjà été approuvé aux Émirats arabes unis et à Bahreïn, et devrait être utilisé prochainement au Maroc.

D’autres pays ont également acheté des doses d’un autre candidat vaccin chinois, fabriqué par Sinovac Biotech.