(Dacca) Sept navires de la marine bangladaise transportant 1804 réfugiés rohingya sont arrivés mardi sur une île isolée où ils seront réinstallés, malgré les préoccupations des groupes de défense des droits de la personne quant à leur sécurité.

Ils ont atteint l’île de Bhashan Char, à 34 kilomètres du continent, après un voyage de quatre heures à partir de la ville portuaire de Chittagong, a déclaré un responsable du gouvernement, Mohammed Khurshed Alam Khan.

Selon M. Khan, les autorités de l’île ont reçu 433 hommes, 523 femmes et 848 enfants. Les autorités insistent sur le fait que toutes ces personnes étaient prêtes à être réinstallées et qu’aucune pression n’a été exercée sur elles. Mais plusieurs organisations et militants affirment que certaines ont été contraintes de partir.

C’était le deuxième groupe de réfugiés rohingya transférés des camps surpeuplés du district de Cox’s Bazar vers l’île. Les autorités ont envoyé un premier groupe de 1642 personnes le 4 décembre, malgré les objections des groupes de défense des droits de la personne.

L’île a fait surface il y a seulement 20 ans et n’était pas habitée auparavant. Elle a été régulièrement submergée par les pluies de la mousson, mais est maintenant dotée de digues de protection contre les inondations, de maisons, d’hôpitaux et de mosquées construits par la marine bangladaise.

Les installations de l’île sont conçues pour accueillir 100 000 personnes, soit une fraction du million de déplacés rohingya qui ont fui les persécutions dans leur Birmanie natal et qui vivent actuellement dans les camps de Cox’s Bazar.

Plusieurs préoccupations

Les agences d’aide internationale et les Nations unies se sont opposées à la réinstallation des Rohingya sur l’île depuis que l’idée a été évoquée pour la première fois en 2015. Les organisations s’inquiètent notamment qu’une grosse tempête s’abatte sur l’île et mette en danger la vie de milliers de personnes.

Les Nations unies ont également exprimé des doutes quant au fait que les réfugiés aient réellement pris une décision « libre et éclairée » sur ce déménagement. Amnistie internationale et Human Rights Watch ont exhorté le gouvernement bangladais à annuler le plan.

Un ministre influent du cabinet et secrétaire général du parti au pouvoir, Obaidul Quader, a déclaré lundi que les Rohingya étaient déplacés vers l’île parce que leur rapatriement en Birmanie avait été retardé. Il a assuré que les réfugiés qui avaient été emmenés à Bhashan Char avaient exprimé leur satisfaction.

Environ 700 000 musulmans rohingya ont fui la Birmanie à majorité bouddhiste vers le Bangladesh depuis le mois d’août 2017, lorsque l’armée birmane a lancé une violente répression contre cette minorité à la suite d’une attaque par des insurgés. Les forces de sécurité ont été accusées d’avoir commis des viols en série, des meurtres et d’avoir incendié des milliers de maisons.

Le Bangladesh a tenté de commencer à renvoyer des réfugiés en dans le cadre d’un accord bilatéral, mais personne n’était disposé à y retourner.

Les Rohingya ne sont pas reconnus comme citoyens de la Birmanie, ce qui fait d’eux des apatrides.