(Pékin) La Chine a appelé mardi le Conseil de sécurité de l’ONU à soutenir une proposition sino-russe de réduction des sanctions visant la Corée du Nord, sous réserve que ce pays avance vers la dénucléarisation.

Pyongyang a fait ces dernières semaines une série de déclarations véhémentes et fixé à Washington un ultimatum pour la fin 2019, lui promettant, faute de progrès dans leurs discussions, un « cadeau de Noël ».

Le président américain Donald Trump a déclaré lundi qu’il serait « déçu si quelque chose était en préparation ».

La proposition sino-russe appelle à « ajuster les sanctions contre la Corée du Nord » en fonction des étapes franchies par ce pays vers une dénucléarisation de la péninsule coréenne.

L’initiative intervient au moment où les discussions entre Washington et Pyongyang, relancées de manière spectaculaire en 2018, sont dans l’impasse depuis l’échec en février d’un sommet entre le locataire de la Maison-Blanche et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un.

« La péninsule est dans une période importante et sensible. L’urgence d’un règlement politique s’est encore accrue », a souligné mardi Geng Shuang, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

La communauté internationale doit « empêcher la péninsule de retomber dans les tensions et la confrontation », a-t-il plaidé lors d’une conférence de presse régulière pour justifier la proposition de son pays à l’ONU.

Sans détailler ce que devra faire Pyongyang pour obtenir un allègement des sanctions, le projet sino-russe réclame, pour améliorer le niveau de vie des Nord-Coréens, l’arrêt de plusieurs dispositions clés datant de 2016 et 2017.

«Dérailler»

Pour les auteurs du texte, l’ONU devrait ainsi abandonner les interdictions faites à ses pays membres d’importer des produits de la pêche et des textiles venant de Corée du Nord.

La Chine et la Russie réclament aussi la fin de la mesure, prise en 2017, qui impose aux États de l’ONU de renvoyer sous deux ans dans leur pays d’origine les travailleurs nord-coréens travaillant à l’étranger, source d’importants revenus pour le pouvoir nord-coréen.  

Les membres des Nations unies ont jusqu’à ce 22 décembre 2019 pour appliquer cette sanction.  

« Nous espérons que le Conseil de sécurité donnera son appui de façon unanime à un règlement politique du problème de la péninsule » coréenne, a déclaré Geng Shuang.  

Le porte-parole a également appelé à la reprise « au plus vite » du dialogue entre Washington et Pyongyang afin de l’empêcher de « dérailler », et encouragé les deux pays « à chacun respecter les préoccupations de l’autre ».

Les États-Unis exigent que la Corée du Nord renonce d’emblée à tout son arsenal atomique, alors que cette dernière réclame une levée rapide d’au moins une partie des sanctions internationales qui étranglent son économie.

Pyongyang a plusieurs fois répété qu’il ne renoncerait pas à ses missiles nucléaires – force de dissuasion contre une attaque – sans garantie sur sa sécurité nationale.

Aspirateurs et tracteurs

Le texte sino-russe est accompagné d’une liste de produits qui ne devraient plus être concernés par les sanctions, des bulldozers aux aspirateurs en passant par les petits tracteurs.

Le texte appelle par ailleurs « à une reprise rapide des pourparlers à six » (Chine, les deux Corées, les États-Unis, la Russie et le Japon), lancés en 2003 mais dont Pyongyang s’est retiré en 2009.

L’avenir de ce projet de résolution reste toutefois incertain.  

Selon une source diplomatique, il est peu probable qu’un vote intervienne rapidement. La présidence du Conseil de sécurité, maître des travaux, est assurée en décembre par les États-Unis, auxquels succédera en janvier le Vietnam à l’occasion de son entrée dans l’instance pour deux ans comme membre non permanent.

Il faut enfin pour Moscou et Pékin s’assurer avant un vote d’avoir neuf voix en faveur de leur texte sur les 15 du Conseil de sécurité, ce qui est loin d’être acquis.  

Aucun veto d’un autre membre permanent (États-Unis, France, Royaume-Uni) ne doit par ailleurs intervenir. Or les Européens sont actuellement les partisans les plus ardents d’un maintien des sanctions.