Des violences ont éclaté mardi soir après qu'un musulman a apparemment grièvement brûlé une bouddhiste dans le nord-est de la Birmanie, pays en proie à de fortes tensions communautaires, a-t-on appris de sources officielles.

Les incidents ont éclaté à Lashio, capitale de l'État shan, jusqu'à présent épargné par les violences meurtrières entre bouddhistes et musulmans qui se multiplient depuis un an.

«Un Shan musulman a brûlé une femme qui vendait de l'essence. Il a déjà été arrêté», a indiqué à l'AFP une source policière ayant requis l'anonymat. «La police et l'armée sont en ville pour contrôler la situation».

Un responsable de la ville a confirmé qu'un couvre-feu avait été rapidement imposé localement et que le calme était revenu en fin de soirée. La victime a été hospitalisée.

Selon plusieurs témoignages, des moines bouddhistes et des habitants de la ville ont réclamé à la police qu'elle lui livre l'agresseur présumé. Ils ont ensuite été dispersés, mais «des gens en colère n'ont pas pu se contrôler et s'en sont pris à des maisons et des mosquées», a expliqué ce responsable.

Des émeutes corroborées par les témoignages d'habitants joints au téléphone de Rangoun. «Je ne sais pas exactement ce qui se passe. Mais des magasins musulmans ont été détruits», a expliqué l'un d'eux.

«On nous a demandé de ne pas sortir la nuit», a précisé un autre. «Le couvre-feu a été imposé. Je vois encore de la fumée et des flammes sortir d'une école musulmane. Il semble qu'elle ait été incendiée».

La Birmanie est en proie à des tensions islamophobes de plus en plus graves, au fur et à mesure qu'elle s'ouvre et que les réformes politiques entreprises par le nouveau régime depuis deux ans libèrent la société d'un demi-siècle de dictature militaire.

En 2012, dans l'ouest, des affrontements entre bouddhistes de l'ethnie rakhine et musulmans de la minorité apatride des Rohingyas avaient fait environ 200 morts et provoqué le déplacement de 140 000 personnes.

En mars dernier, 44 personnes avaient été tuées et des quartiers entiers brûlés dans la ville de Meiktila, dans le centre, après un banal esclandre entre des clients et un commerçant musulman dans un marché.

Des mosquées de plusieurs villes au nord de Rangoun avaient été ensuite détruites, tandis que des moines bouddhistes extrémistes distillaient des discours nationalistes.

Des événements qui ont remis en lumière un fond islamophobe latent dans un pays majoritairement bouddhiste où vivent officiellement 4% de musulmans.

Le président Thein Sein, qui était tout récemment en visite officielle à Washington, a promis de garantir les droits des musulmans. Le président Barack Obama a salué les réformes entreprises par son homologue, mais a aussi réclamé la fin des violences contre les musulmans.